MATHIAS « EL MATI » BERCHADSKY – « MANIFIESTA »

FLAMENCO D’AUJOURD’HUI POUR DEMAIN

PAR FRANCISCO CRUZ    PHOTO CHRISTIAN BAMALE

Guitariste de qualité indubitable, formé dans la sphère du jazz parisien, Mathias «El Mati» Berchadsky découvre le flamenco il y a une vingtaine années. Amoureux de cette musique, il s’installe à Séville, puis à Grenade, publie un premier album en 2010 – Cantos del Posible – et récidive dix ans après avec Manifiesta. Une véritable fiesta pour conjurer le maléfice viral…

Évidemment, Berchadsky n’est ni gitan, ni andalou, mais un globe-trotter décomplexé arpentant les sentiers de la musique du monde. Cette liberté identitaire lui permet toutes les licences pour connecter le flamenco avec les harmonies du jazz, la micro-tonalité indienne, ou des rythmiques sud-américaines. Dans ce sens, il est un héritier naturel de Larry Coryell, de John McLaughlin, et un cousin lointain de Louis Winsberg. Et, bien entendu, un guitariste sous influence manifeste de Paco de Lucia, de Sabicas et de Melchior de Marchena, trois artistes phares de l’histoire flamenca, à qui il dédie trois morceaux de l’album. Malgré son hétérodoxie, et la présence de musiciens indiens (Suban Chandran, Ganesh Kumar ou Shivaram), Manifiesta reste dans sa forme un disque fondamentalement flamenco, dès son titre d’ouverture, une alegria  où El Mati invite la chanteuse Alicia Carrasco, et plus loin, à travers un parcours fait de mineras, sevillanas, bulerias et malagueñas. Son projet est bien un manifeste éloquent des possibles pour le flamenco contemporain.

MATHIAS BERCHADSKY
Manifiesta
Butano!/Inouie