ATHENA

Une vidéo diffuse les images d’une violence policière dont est victime un gamin et soudain la cité d’Athena prend feu. Sur le thème de l’affrontement police-jeunes des quartiers, Romain Gavras scénographie une vision nihiliste des tensions sociales, où l’esthétique de la violence, dans une confrontation sans issue, sans espoir, éteint toute tentative de conscientisation des protagonistes des deux camps.

PAR ROMAIN GROSMAN

NOIR C’EST NOIR

Le plan séquence inaugural, virtuose, pose le cadre du film. Au sortir du commissariat où il a reçu l’assurance que les policiers responsables de la mort de son petit frère seraient trouvés et poursuivis, Abdel, militaire du contingent français au Mali, lance un appel au calme. Dans la foule, Karim, son cadet, mène au combat les jeunes de la cité d’Athena dont est issue la fratrie.

La réalisation s’inspire de la mythologie grecque, mais aussi des grands films de guerre historiques d’Akira Kurosawa – Ran, Kagemusha -, pour mettre en scène avec maestria le face à face qui s’annonce au cœur d’un quartier devenu citadelle assiégée. 

Dans une vision manichéenne qui n’évite pas les clichés – trois frères de confession musulmane, l’aîné dealeur, le second militaire intégré, le dernier rebelle réfractaire -, le scénario allume la mèche de l’embrasement généralisé – fictionnel, mais pas irréaliste de facto – qu’évoquent ceux qui ne cherchent aucune voie de sortie, aucune solution, voire ceux qui se nourrissent de la haine de l’autre à longueur d’émissions sur les plateaux des chaines info. 

Athena, comme nombre de films laissant une place prépondérante à la violence dans l’évocation des problématiques sociétales, (s’) évite le chemin de la réflexion et de l’approfondissement. Comment en est-on arrivé là ? Qui sont les responsables ? Quelles sont les solutions ? L’éducation, la connaissance, la mise en  mouvement des citoyens (y compris les plus jeunes) contre un système qui fige les inégalités, l’émancipation individuelle et collective, sont absentes du propos. Ne reste que le déchainement des instincts les moins nobles comme impasse et carburant de toutes les haines. 

Au final, Athena fonctionne comme une mise en abyme d’un propos manichéen, dénoncé lorsqu’il émane ad nauseam des rhétoriciens politiques et médiatiques d’extrême-droite, mais ici tout aussi dépourvu de perspective humaniste et libératrice.

ATHENA

Un film de Romain Gravras

avec Dali Benssaiah, Sami Slimane, Ouassini Embarek

Disponible sur Netflix