LA PETITE MUSIQUE DE CHARLOT
PAR ROMAIN GROSMAN
Artiste majeur du 20ème siècle, Chaplin a dépeint et caractérisé son temps mieux que quiconque, par une sensibilité, un sens de l’observation et du burlesque, exprimé par la comédie, le drame, le mime et la musique. Autant de talents mis en exergue par l’exposition que lui consacre La Philharmonie de Paris.
La chorégraphie de Charlot Boxeur, la gestuelle mécanique des Temps Modernes, le discours saccadé du Dictateur : à travers toutes ces scènes devenues classiques que restituent de grands écrans disséminés tout au long du parcours du visiteur, toujours ce même sens du rythme au service du burlesque et de la caricature. Le génie de Chaplin est musical. Une musique dont il se sert explicitement – il jouait de plusieurs instruments, composait, orchestrait toutes les bandes sonores de ses films -, intuitivement et méticuleusement. Dans son art de la comédie, du gag comme du drame, tout est affaire de tempo. La vulnérabilité de son personnage de Charlot, cette démarche brinquebalante, fragile et touchante, est restée sa marque. Celle d’un personnage universel qui a traduit la condition humaine comme personne et auxquels se sont identifiés des générations aux quatre coins de la planète depuis des décennies.
Enfant de la balle – ses parents étaient chanteurs au music-hall – Chaplin a appris tous les ressorts des métiers du spectacle. Les éléments biographiques qui jalonnent l’expo, témoignent de la part prépondérante que la musique, sous toutes ses formes, a pu prendre dans un art précis comme une mécanique d’horlogerie, et rendu presque invisible, comme pour mieux servir le dessein du créateur Chaplin, qui tend à ses contemporains le miroir le plus tendre et le plus dévastateur sur leur humanité, dans toutes ses grandeurs et ses faiblesses.
PHILHARMONIE DE PARIS
JUSQU’ AU 26 JANVIER 2020