ANA CARLA MAZA A CANNES

Il n’est pas étonnant de voir Ana Carla Maza sur de nombreuses scènes hexagonales. La musicienne cubaine pourvue d’un immense talent est aussi une formidable source de bonheur partagé…

PAR CHRISTOPHE JUAN   PHOTOS Z@IUS

HERITAGES

On ne  reviendra jamais assez sur le niveau d’excellence de la formation musicale cubaine, et Ana Carla Maza nous le prouve une fois encore. Bien sûr, elle joue du violoncelle avec virtuosité, et elle chante magnifiquement ; mais quand on apprend qu’elle dédie son dernier album Bahia et le titre en rappel à sa regrettée professeure de piano Miriam Valdes (de la grande famille Valdes dans laquelle on retrouve les légendaires Chucho et Bebo), on se doute que son niveau de piano doit être tout aussi exemplaire. La belle, qui a prolongé son cursus musical à Paris, s’exprime dans un français impeccable et nous propose avec ses acolytes Roger Mas au piano, Marc Ayza à la batterie et Luis Guerra aux percussions, un voyage imaginaire en Amérique du Sud. 

Fille du grand pianiste chilien Carlos Maza, c’est à La Havane qu’Ana Carla Maza a grandi et s’est formée à la musique ; autant dire que son voyage initiatique dans les musiques sud-américaines avait bien débuté. Dynamique, tout en étant gracieuse, son archet souffre rapidement de ses attaques vives qui alternent avec la lenteur de son bras qui se déploie gracilement vers le ciel, telle une danseuse de flamenco. Elle nous emmène à Bahia, pas au Brésil, mais dans son quartier de naissance à La Havane, avant un détour par l’Argentine pour un hommage à Astor Piazzolla, pour lequel elle a composé un titre aux accents classiques. Un détour par la Jamaïque et elle revient avec l’un des morceaux de son dernier album, en référence à un autre quartier de La Havane, Guanabacoa, où se trouvent les meilleurs percussionnistes, comme nous le confirme Luis Guerra pour une version agréablement étirée. Une dernière escale au Brésil pour « Carnaval » et déjà les premiers au revoir. Le rappel s’impose pour une belle version de « A Tomar Café » accompagnée par le public. C’est vrai, on aurait bien prolongé la soirée et partagé un café pour écouter encore cette artiste aussi talentueuse que délicieuse…

NOVEMBRE 2022, CANNES, THEATRE ALEXANDRE III

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