DU SYMBOLISME À L’ABSTRACTION
Longtemps ignorée, l’œuvre polymorphe du peintre tchèque est remise en lumière par une magnifique exposition rétrospective au Grand Palais.
PAR FRANCISCO CRUZ
Inspiré par la philosophie idéaliste allemande – notamment par Friedrich Nietzsche -, ainsi que par l’ésotérisme oriental, František Kupka (1871-1957) est l’une des figures les plus importantes de l’abstraction qui émerge au début du XXe siècle. Son œuvre, très personnelle, ne s’arrête pas au seul rejet de la représentation traditionnelle. Lancé dans plusieurs expériences comme la décomposition des volumes ou du mouvement par la couleur, qui le rapprochent de certaines préoccupations affichées par les cubistes et par les futuristes, Kupka parvient, au terme d’une réflexion logique exigeante, au constat de l’absurdité et de la malhonnêteté de l’art qui emprunte à la Nature. Faisant écho à la formulation « Dieu est mort » de Nietzsche, comme expression de la perte de force, de pertinence, des valeurs de la culture occidentale, Kupka dira : « La Nature est morte » … impossible donc de continuer à la représenter.
Conjuguant parcours chronologique et thématique, l’exposition rassemble quelque 300 œuvres qui permettent d’entrer de façon attractive dans l’univers de Kupka. Elle met l’accent sur les moments-clés de sa période créatrice, les chefs-d’œuvre symbolistes et les premiers portraits expressionnistes parisiens, son passage à l’abstraction, le cycle des peintures organiques saturées de couleurs, ainsi que l’abstraction géométrique finale. Après la disparition de Robert Delaunay en 1941, et celle de Vassili Kandinsky en 1944, František Kupka est l’un des derniers témoins de l’époque héroïque des débuts de l’art non-figuratif.
KUPKA
Pionnier De L’Abstraction
GRAND PALAIS
jusqu’au 30 Juillet