STAN CUESTA – « LOU REED ET LE VELVET UNDERGROUND »

LOU, PAS UNE RIDE

PAR CHRISTIAN LARREDE

Ouvrage considérable, évocateur d’une saga qui ne l’est pas moins, et d’un groupe qui, dès 1965, redéfinit les contours du rock, la façon de le jouer, et la façon de le vivre…

Quelqu’un capable d’écrire au sujet de l’album de Lou Reed Mistral (1986) : ici, les boites à rythmes prennent définitivement le pouvoir, et c’est atroce, ne peut être totalement mauvais, ni sa crédibilité remise en question. Et convenir qu’un parcours discographique s’interrompant, en ce qui concerne Lou Reed, par un album enregistré en compagnie de Metallica, et qui n’a convaincu ni les fans du chanteur, ni ceux du groupe, atteste d’une extrême lucidité. Chanteur reconverti depuis les années 80 dans le journalisme rock, traducteur et auteur prolifique (plus d’une vingtaine de livres, de Nirvana à Catherine Ringer), Stan Cuesta s’attache à offrir un semblant d’ordonnancement chronologique au parcours erratique de Reed, mais également de ses coreligionnaires Nico ou John Cale. Plutôt que de s’attacher aux potins anecdotiques ou de succomber à une analyse hagiographique, il tente, tout en conservant une approche critique tranchée (l’inclinant à qualifier l’album New York d’ennuyeux), de répondre à cette énigme : de quelle musique le Velvet Underground est-il le nom ? Il offre également au fil des pages un parcours initiatique au lecteur, qui peut se sentir moins seul d’avoir décroché de cette histoire new-yorkaise au fil des années, ou d’évaluer avec un enthousiasme moins systématique chaque parution de disques. Mais la passion irraisonnée et compulsive pourra également trouver un exutoire dans un catalogue de bizzareries (sic), qui, à l’instar d’un cabinet de curiosités, aligne le premier single de Nico ou le témoignage musical d’un proto Velvet croisant le chemin de Gérard Malanga (proche d’Andy Warhol), ainsi qu’une solide sélection de disques pirates, aussi illégaux qu’indispensables à la compréhension de l’aventure. Et quel délice de se souvenir de la collaboration ponctuelle du bostonien Willie Loco Alexander ! Le grand format de l’objet sert parfaitement le propos.

STAN CUESTA
Lou Reed Et Le Velvet Underground
Editions du Layeur, 260 pages, 34 euros