TINA TURNER – « AUTOBIOGRAPHIE »

INSTINCT DE SURVIE

PAR FRANCISCO CRUZ

Elle aurait pu faire partie de la liste (dramatique) des femmes assassinées par leurs partenaires (maris, conjoints, amants, boyfriends). Mais Tina Turner a su échapper aux griffes du tyrannique Ike, guitariste charismatique de rhythm’n’blues, pour se construire une vie de femme modèle d’émancipation et de courage, en avance sur son temps…

La vie schizophrénique de Tina Turner – égérie du duo Ike & Tina Turner -, a longtemps été marquée par ces hauts et bas qui la faisaient passer de singer torride et sex symbol à la scène, à femme battue dans l’intimité. Jusqu’au jour où Anna Mae Bullock, son vrai nom, décida de s’affranchir des pulsions de mort de son mari (qu’elle quitte en 1976), pour devenir la chanteuse de rock-soul la plus populaire de la planète. Le souvenir de ses concerts déments, lors de ses tournées mondiales (des années 80 jusqu’aux premières années du nouveau siècle), dont un mémorable concert à Rio de Janeiro devant 180 mille fans en transe, est gravé dans la mémoire du public, ainsi que ses performances spectaculaires aux côtés de Mick Jagger et David Bowie, ses plus proches amis et admirateurs inconditionnels. Performeuse inimitable, elle est alors au sommet de sa carrière et seule leader de son destin.

Reste à découvrir la face plus personnelle de la vie de la femme forte et fragile à la fois, incroyable bête de scène, en quête d’une vie paisible et désormais à la retraite en Suisse, avec son compagnon allemand. Tina Turner, quatre-vingts ans en novembre 2019, s’autorise à évoquer ici, son enfance orpheline de l’amour de sa mère, son mariage dans un climat de violence permanent, sa « découverte » de l’amour conjugal à 46 ans, et des problèmes de santé dont elle souffre depuis quelques années. Une vie désormais à l’ombre des spots et des ovations que la Private Dancer a chorégraphié comme une lutte pour sa survie – psychologique et spirituelle – jusqu’au suicide d’un de ses fils (qu’elle a le sentiment d’avoir délaissé), guidée par un inexorable instinct de survie : « Inutile de penser à ce qu’on vous fait, à ce qu’on vous a fait. Il faut simplement tracer sa route ».

 

TINA TURNER

Autobiographie

Editions Harper Collins, 250 pages