RACHELE ARAGNO – MELVINA

DES MONDES, ET DES MERVEILLES

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Roman graphique initiatique, Melvina nous fait suivre une petite fille rousse à grosses lunettes, ulcérée par les déménagements à répétition imposés par ses parents. Alors, l’héroïne s’interroge : ça fait quoi, de devenir adulte ?

Melvina, Alice, et tou(te)s les autres sont convoquées dans ce récit clair, aérien et nerveux, limpide mais trouble tout à la fois, longtemps conservé dans ses cartons par l’Italienne Rachele Aragno (qui avait déjà mis en scène le même personnage dans une nouvelle). La rousse intrépide, qui en a vraiment assez de n’être qu’une enfant que personne n’écoute, s’engageant sans barguigner dans une randonnée sur les toits à la recherche de son chat et confident, et qui nous tient en haleine durant toute l’histoire, n’est pas seule dans ses pérégrinations oniriques à affronter des dangers inédits. On relève en effet un étrange bestiaire, d’Ottavio le chat fugueur à une troublante famille fort courtoise (belette, renard, hibou), jusqu’à un vieux monsieur doté d’étranges pouvoirs, une reine sans corps et des abeilles nourricières. Certes, Melvina évolue dans une atmosphère de conte de fées, mais n’en montre pas moins le courage qui sied à tous les héros. Dans un récit linéaire merveilleusement servi par le talent d’aquarelliste d’Aragno, on nous rappelle ce que sont les priorités de l’existence, le pouvoir de la magie et l’importance des tuteurs. L’auteur nous assure de nouveaux chapitres mettant prochainement en scène Melvina : pour l’heure, cette histoire charmante et poétique suffit à notre bonheur.

RACHELE ARAGNO
Melvina
Editions Dargaud, 192 pages couleur, 19,99 euros