JACO VAN DORMAEL, THOMAS GUNZIG, FRANCOIS SCHUITEN, LAURENT DURIEUX – « UNE AVENTURE DE BLAKE ET MORTIMER : LE DERNIER PHARAON »

LES MYSTÈRES DE LA GRANDE PYRAMIDE, LE RETOUR

PAR CHRISTIAN LARREDE

Bruxelles irradiée, Bruxelles isolée, mais Bruxelles fantasmée : il n’en fallait pas davantage pour que le désormais Colonel Blake (un peu) et un Mortimer (beaucoup), pourtant en semi-retraite, ne reprennent la piste de l’aventure.

Quatre belges : trois scénaristes, un dessinateur et un coloriste n’ont pas été de trop pour ajouter un volume à la saga des aventures de Blake et Mortimer, créées par Edgar P. Jacobs en 1946. Et susciter depuis la sortie de l’album enthousiasme et critiques acerbes Car si l’on salue généralement une mise en couleur virtuose, la bataille d’Hernani entre anciens (gardiens du temple de la série originelle) et modernes (laudateurs de François Schuiten, sa technique imparable, son sens de la mise en scène), fait désormais rage. Scénario pontifiant contre préoccupations contemporaines, abandon des principes élémentaires de la ligne claire contre munificence de l’univers du dessinateur servi par le format à l’italienne, trahison des codes de Jacobs contre développement d’un univers fantastique voisin de celui de Lovecraft : les raisons des uns et des autres de s’écharper sont légion. La pondération s’impose. Si le dessin des personnages souffre de la comparaison avec les planches du passé, les décors frôlent la perfection. Le scénario, parfois en roue libre, parfois hermétique, interroge, mais atteint des sommets lorsqu’il s’abandonne à l’onirisme. Et la question demeure : quelle aurait été la réception de ces 92 pages si elles n’avaient pas été connotées comme la suite des aventures d’un ancien pilote de la RAF et d’un physicien nucléaire ? A minima, on conviendra que la puissance et la poésie de cet album sont indéniables, et l’hommage à Jacobs parfaitement négocié.

JACO VAN DORMAEL, THOMAS GUNZIG, FRANCOIS SCHUITEN, LAURENT DURIEUX 

Une Aventure De Blake Et Mortimer : Le Dernier Pharaon

Editions Dargaud, 92 pages, 17,95