LAKECIA BENJAMIN

Il y a presque dix ans, on découvrait cette jeune new-yorkaise, qui a fait ses classes chez Clark Terry et le Duke Ellington Orchestra et, sur un autre registre, accompagnait aussi Alicia Keys et Stevie Wonder. Look afro-cherokee, jeu tonifiant à l’alto (plus lyrique au soprano), une collection de chansons originales, dont un hommage explicite à Maceo Parker : Lakecia Benjamin séduisait dès ses débuts discographiques sur des rythmes de fusion funk-jazz-soul-rap…

PAR FRANCISCO CRUZ

SAX FUNKY AU NEW

Lakecia Benjamin a commencé à jouer de la musique à douze ans au sein de la communauté latine de New York. De la nuyoricain wave et de la salsa del barrio pour pimenter les rythmes dansants qui l’attirent avant de franchir le pas vers le R&B et le hip hop… Néanmoins, durant une longue période c’est l’étude du jazz et les sessions dans les clubs qui occupèrent la plupart de son temps. « J’ai commencé à jouer du jazz sérieusement quand je suis rentrée à La Guardia Performing Arts High School (NY) ». À l’époque, le directeur était Bob Stewart, un musicien et concertiste très connu. Divers artistes se rendaient à son école et certains invitèrent Lakecia Benjamin à leurs répétitions : « Sam Rivers, Greg Osby, Nicholas Payton, Lester Bowie et beaucoup d’autres ont joué leur musique devant mes yeux. Ça a été une immense expérience durant ma période d’apprentissage ».

Dans le domaine du jazz, ses influences se bousculent : Lakecia Benjamin cite volontiers John et Alice Coltrane, Joe Henderson, Cannonball Adderley, Oscar Peterson, Clark Terry, Clifford Brown, Freddie Hubbard… Elle a même eu la chance de jouer avec Terry et James Blood Ulmer. « Avec Clark (Terry), c’était mon premier concert avec une légende du jazz. La première fois que je jouais avec quelqu’un que j’avais écouté toute ma vie, et dont j’avais pris l’habitude d’apprendre tous ses chorus au sax ! James (Blood Ulmer) est un ami, un musicien et une personne incroyable. Il m’a beaucoup aidée après le décès de Rashid Ali, avec qui j’avais joué plusieurs années et dont la mort a été un triste moment pour moi ».

La vitalité de ses albums (Retox, Rise Up, Pursuance : The Coltranes – en hommage à Alice et John Coltrane) ainsi que les vidéos de ses concerts renvoient invariablement vers les performances de Maceo Parker, au point de donner à penser que l’ancien JB’s reste l’une de ses principales influences. « Maceo, je l’ai toujours considéré comme le plus funky des saxophonistes vivants. À travers ces disques, il donne à tous les saxophonistes des pistes sur la façon de jouer de la funk. Mais, d’autres musiciens m’ont inspirée, et pas que des saxophonistes : Boosty Collins, Sly and the Family Stone, D Angelo, Earth Wind and Fire… ».

La musique de Lakecia Benjamin est une joyeuse fusion de soul+funk+jazz+hip-hop, qu’elle assume comme l’expression la plus naturelle de sa génération. « Je sens qu’il y a un mouvement nouveau qui grandit chez les musiciens de jazz de ma génération. Nous restons complètement amoureux du jazz, brûlant, hard core, mais on aime toujours le R&B et le hip hop ».

Saxophoniste, compositrice, chanteuse, leader de sa bande (Soul Squad hier, Pursuance aujourd’hui), Lakecia Benjamin a aussi été sollicitée par Alicia Keys et Stevie Wonder. Pourtant, elle reste humble concernant son statut de musicien. « Je pense qu’être un artiste n’est pas seulement un travail à temps plein, c’est le travail de toute une vie. Si je fais ce que j’aime, je donne un sens à ce que je construis dans ma vie. Jouer c’est ma passion et la plus belle aventure dont je pouvais rêver ».

27 JUILLET A JAZZ IN MARCIAC,
29 JUILLET A PARIS/FESTIVAL ALL STARS, NEW MORNING
18 AOÛT A BUIS-LES-BARONNIES/PARFUMS DE JAZZ
19 AOÛT A MALGUENAC