UNE INTIME CONVICTION

UNE DÉMONSTRATION BIEN ASSISE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

En 2009, Jacques Viguier, professeur de droit toulousain, est accusé du meurtre de son épouse. Il est acquitté dans un premier procès d’Assises, mais, le Parquet ayant fait appel, il se retrouve une année plus tard de nouveau dans le box. Intervient alors Éric Acquittator Dupond-Moretti…

C’est un film de procès et de prétoire, comme on pouvait, en jouissance régressive, en goûter lors des dimanches finissants (et dont les antipodes peuvent être déterminés par 12 Hommes En ColèreLa Passion De Jeanne d’Arc). C’est un film de procès (le premier) d’un ex-monteur qui, dans ses galops d’essai en courts métrages, fit appel à l’avocat pénaliste (le vrai) pour incarner son propre rôle, un film qui fait une part belle à cette tragédie antique dans le vase clos d’un tribunal : la plaidoirie ultime de l’avocat, incarné par un formidable (comme à l’accoutumée) Olivier Gourmet ne dissimule rien de la tension, de la longueur et des effets de manche de la réalité, jusque dans quelques saillies rédhibitoires. «Ce procès est devenu le concours Lépine de l’hypothèse », assure-t-il, concluant, à l’issue du deuxième acquittement : « ce n’est pas une victoire de la défense, c’est une victoire de la justice ». Mais ce n’est pas qu’un film de procès : au-delà d’un Jacques Viguier parfaitement mutique incarné par Laurent Lucas, le réalisateur Antoine Raimbault brouille sciemment les pistes, en imposant avec force le seul personnage imaginaire du casting. La bouleversante Marina Foïs pourrait, lors de la prochaine cérémonie des César, transformer ses quatre nominations précédentes en statuette. Elle campe ici une supposée jurée du premier procès, obsédée par le dossier, et y sacrifiant sa vie professionnelle et familiale. Incarnant une assistante juridique autoproclamée, l’actrice déambule en silhouette menue et compulsive dans les coulisses d’une justice qui se rend dans la conviction, mais, surtout, dans les mots. Et où le doute devient adjuvant de la création.

UNE INTIME CONVICTION

d’Antoine Raimbault