THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS

totalement a l’ouest

PAR ROMAIN GROSMAN

Les légendes de la Conquête de l’Ouest revisitées par les frères Coen : ou comment tordre, en six chapitres, les codes du western. Duel de gâchettes (loufoque) au saloon autour d’une table de poker, attaque de banque (minable), ruée vers l’or (épique), chasseurs de primes et caravanes encerclées par des indiens (sauvages, comme dans le récit officiel délivré au monde par l’Amérique pendant des décennies) : le tandem prend un malin plaisir à détourner, avec le cocktail habituel qui fait son cinéma – hémoglobine, second degré, cynisme et burlesque -, les thématiques classiques du genre. Une façon aussi de renvoyer l’Amérique face au miroir de son histoire où la loi du plus fort, la propriété privée érigée en socle de tous les rapports sociaux, au prix d’une violence banalisée et de l’éradication des minorités, permettent de saisir le pays de Trump. La satire est mordante, drôle, baroque. Les acteurs James Franco (bandit raté), Liam Neeson (troubadour sans âme) et Tim Blake Nelson, « Le Colibri », as du six coups et baladin de ses propres exploits (scène culte), donnent chair aux personnages « bigger than life » et cartoonesque des frères Coen. La musique signée Carter Burwell (fidèle partenaire du duo, depuis Fargo), country mélancolique et visuelle, accompagne les déambulations de ces lonesome cowboys dans des paysages somptueux, une nature et des grands espaces encore protégés de l’avidité de l’homme, et (autre) personnage principal de cette fresque réussie.


THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS

de Joel et Ethan Caen

SUR NETFLIX

 

 

 

 

B.O. THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS

Musique Originale de Carter Burwell

(Milan/Universal)