SHEHERAZADE

PLUS BELLE LA VIE ?

PAR LUNA CRUZ

Un premier film fort, sans retenue. Et ceux qui donnent tout, ce sont en premier lieu les acteurs, presque tous dirigés ici pour la première fois et bruts de vérité. Le réalisateur, Jean Bernard Marlin, « porte (ce film) depuis son arrivée à Paris, il y a une dizaine d’années, et il y avait de quoi se méfier devant ce pari fou, celui de parler des jeunes des rues de Marseille et notamment des filles qui y vendent leur corps dans l’indifférence la plus totale.» 

On suit Zac (Dylan Robert), un jeune garçon qui zone dans les rues après avoir fui la maison d’arrêt pour mineurs où il était confiné, et rencontre Shéhérazade (Kenza Fortas), une prostituée au visage d’enfant et à la répartie facile. Des personnages pour qui la survie passe avant toute considération morale. Leur quotidien est d’une noirceur abyssale, mais ils vont de l’avant ; peut-être dans la mauvaise direction, mais toujours la tête haute. Les personnages secondaires (notamment Mehdi, joué par Kader Benchoudar), complètent brillamment ce duo. Dans la dernière partie, le jugement du viol au tribunal soulève des questions brûlantes : à partir de quand une femme qui vend son corps peut-elle dénoncer un viol ? Et à partir de quand la croit-on ?



Un film cru, à mille à l’heure, qui ne laisse pas de place au sentimentalisme; avec quelques maladresses à l’image, que l’on pardonne tant le résultat marque par sa justesse. Un film qui désembourgeoise brutalement le cinéma français.

SHEHERAZADE

de Jean-Bernard Marlin

avec Kenza Fortas, Dylan Robert, Nabila Ait Amer, Kader Benchoudar