REBELLES

ELLES EN ONT

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Après la mort accidentelle d’un contremaître harceleur sexuel, trois employées d’une conserverie de Boulogne-sur-Mer (une ex Miss Nord Pas-de-Calais, une junkie et une sexagénaire fatiguée) se retrouvent à la tête d’une petite fortune. Les rêves et les ennuis commencent…

Allan Mauduit (réalisateur de l’excellente série Kaboul Kitchen) offre ici une synthèse réussie entre l’univers des cartoons sanglants, la perversion propre sur elle d’Arsenics Et Vieilles Dentelles, et une critique sociale qui généralement effarouche le cinéma français (comment s’en sortir lorsqu’on est 3 femmes sans diplômes et vaguement maniaco-dépressives). La force du film tient en premier lieu à l’extrême expressivité du trio constitué par Cécile de France (la belle), Yolande Moreau (la bête) et Audrey Lamy (la neuneu), entre trois-quart en véritable léopard synthétique, fusil à canon scié et coupe de cheveux en queue de renard. Mais la dynamique interne de Rebelles se nourrit également, outre d’une mise-en-scène survitaminée, d’un jeu permanent entre ces univers, des révérences à Tarantino ou aux frères Coen, du choix d’impeccables second rôles (Simon Abkarian et Béatrice Agenin), et d’un parti-pris de fable paillarde et drolatique. Ici, les mâles sont abrutis, émasculés (au sens littéral) ou cupides, les trafiquants de drogue monomaniaques et les flics pourris. Et si ce n’est pas toujours systématiquement vrai dans la réalité, cela nourrit un ressort comique, inédit sur les écrans actuels. Certes, le scénario se délite quelque peu dans la deuxième partie du film, et on pourra reprocher aux trois actrices d’en faire des tonnes. Mais elles sont comme cela : sainement vulgaires, et perchées au sommet d’une fantaisie débridée. Rebelles.

REBELLES

d’Allan Mauduit