LES MISÉRABLES

QUARTIERS SOUS HAUTE TENSION

PAR LUNA CRUZ

Grand Prix du jury au dernier festival de Cannes, représentant la France aux Oscars 2020, le film de Ladj Ly emprunte son titre au livre de Victor Hugo pour évoquer les banlieues aujourd’hui…

Le film est cru, vrai, drôle et terrible, il est actuel et au final assez sobre dans sa mise en scène et son scénario. Spectaculaire pour certains, mais jamais dans la démesure, la démagogie ou l’excès de pathos. L’action se déroule sur un peu plus de 24h, durant la première journée de Stéphane, nouvelle recrue de la BAC (Brigade Anticriminelle) de Montfermeil, alors composée de deux personnages : Chris, « 100% babtou » fièrement auto-proclamé, et Gwada, qui embarquent leur nouveau collègue dans une virée à la découverte du quartier.

Un long prologue pour se plonger dans la réalité de la banlieue – le 93 plus précisément -, présentée de façon quasi-documentaire par une succession de scènes : au marché avec le maire, sur un terrain vague où des enfants s’amusent, etc. Autant d’instants repris plus tard dans le récit, qui montrent à voir un quartier et une communauté avec ses fractures apparentes et celles moins visibles.

Très vite, les rapports compliqués entre habitants et force de l’ordre surgissent à l’écran. La tension monte alors que le trio de policiers secoue les jeunes sans ménagement et, débordé, franchit la ligne rouge : une bavure que les membres de la BAC tentent de désamorcer, pour enrayer un processus de vengeance et une déflagration de colère quasiment inéluctables…

Un film coup de poing, intelligent, qui ne stigmatise et ne caricature personne. Pourtant, même si chacun tente de faire de son mieux, le point de rupture semble atteint. La peur et le mépris ayant pris le pas sur la confiance et le respect des uns pour les autres…

LES MISERABLES
de Ladj Ly

sortie le 20 novembre