BEAUTIFUL BOY – BEN IS BACK

ADDICTIONS

PAR LUNA CRUZ

Récemment, deux films sont sortis presque en même temps et traitent presque du même sujet, celui de l’addiction à la méthamphétamine. Les deux s’appuient sur une relation entre le fils addict et le parent impuissant. 

Dans Ben Is Back, Lucas Hedges, sorti de rehab le soir de Noël pour 24h, fait face à sa mère – incarnée par Julia Roberts -, qui ne connaît que trop bien (ou trop peu) la fragilité de son fils et le danger possible d’une rechute. Dans Beautiful Boy, c’est Timothée Chalamet qui sombre lentement mais profondément dans la drogue et fait face à son père – Steve Carell -, qui le regarde se perdre pendant une décennie sans anticiper la gravité de l’état de son fils. Chaque fois, c’est la difficulté de lutter contre la drogue et ses effets qui est mise en avant. Impossible de ne pas comparer ces deux films, tant le canevas des personnages et le sentiment d’impuissance est identique.

Comme l’a souvent répété Timothée Chalamet en interview, la mort par overdose (la moitié due aux opioïdes, dont l’addiction est en hausse phénoménale chez nous) a surpassé aux USA celle due aux accidents de la route. Néanmoins, malgré la force et la noblesse de son caractère alarmiste, Beautiful Boy se perd un peu et semble – par moments – frôler le film Hollywoodien. Les acteurs, et en premier lieu Chalamet, sont convaincants, les personnages adultes (ici Steve Carell, Maura Tierney et Amy Ryan) restent sur la retenue et le constat de leur impuissance surpasse en émotion la violence des scènes chocs.

C’est cette subtilité et le concept de tough love (l’amour à la dure) – absent dans Beautiful Boy, où les parents laissent leur fils leur filer entre les doigts -, que l’on retrouve dans Ben Is Back. L’addiction est appréhendée de façon totalement épidermique puisque le personnage de Ben (interprété par l’excellent Lucas Hedges, qui pousse clairement Julia Roberts à son meilleur niveau de jeu) est terrifié à l’idée de ne pas être assez fort et se livre en toute sincérité à sa famille. Pas d’images chocs, Ben Is Back ne s’étend que sur une nuit et, pourtant, prend aux tripes en questionnant notre propre capacité à lutter contre une douleur auto-destructrice qui viendrait nous dévorer malgré tous nos efforts. Face à ce fils, tantôt sincère tantôt malhonnête, Julia Roberts incarne une mère aimante, victime de la manipulation de son fils qui la détruit autant qu’elle ne le détruit, lui.

BEAUTIFUL BOY

de Felix Van Groeningen

 

 

 

 

 

BEN IS BACK

de Peter Hedges