PRETENDERS – « HATE FOR SALE »

RAGEUR

PAR CHRISTIAN LARRÈDE       PHOTO  MATT HOLYOAK

De Chrissie Hynde (a fortiori après un album de reprises en mode jazz publié il y a moins d’un an – Valve Bone Voe), du survivant de la formation initiale le batteur Martin Chambers, qui effectue ici son retour, et de deux recrues du groupe de scène des Pretenders, on n’attendait pas grand-chose. On peut se tromper, parfois.

Á la première écoute du onzième album (4 années après Alone) du groupe anglo-américain, la chanteuse septuagénaire et ses trois musiciens semblent surgir du garage, mal dégrossis et hargneux, mais riches d’un romantisme récurrent, niché au fond des cordes vocales. Passé le deuxième test, on réalise à quel point cette voix, rauque et câline à la fois, et ces riffs déterminés et définitifs nous ont manqués. Composées en collaboration avec le guitariste James Walbourne et produit par Stephen Street (New Order, Blur), les dix chansons (pour une demi-heure de musique) sonnent de manière patente comme si elles avaient été enregistrées en 1978. Et c’est en effet la redécouverte d’un son initial (quelque part en Link Wray et Chuck Berry, avec de vives notules de soul en droite ligne de Memphis et un sautillement emprunté à Bo Diddley) qui reste la plus troublante sensation. Le groupe, soudé par onze années de scène, ce qui crée à minima de l’empathie, et Hynde n’a jamais mis sous le boisseau sa passion pour les guitares, la magie électrique des guitares et leur puissance roborative. Et si dans les deux ballades, le chant émeut sans jérémiades, tout le reste du programme confirme, qu’éternels ou ressuscités ou pas, les Pretenders restent un groupe, vibratile, soudé, et efficient.

PRETENDERS

Hate For Sale

(Bmg)

POP-ROCK