OUMOU SANGARÉ – « ACOUSTIC »

ENRACINÉE

PAR CHRISTIAN LARRÈD                                                                              PHOTO BENOIT PEVERELLI

Il y a trois ans, produit par des musiciens français (dont le claviériste Vincent Taurelle, ici présent), accaparé par une joyeuse bande de remixers (entre autres St Germain), et samplé par Beyoncé (pour le compte du film Le Roi Lion), l’album Mogoya symbolisait pour la diva malienne la reconnaissance internationale. Le retour aux sources d’Acoustic confirme que la chanteuse n’a rien perdu de son enracinement.

S’installant dans le studio Midilive de Villetaneuse, la petite porteuse d’eau de Bamako, entourée de l’affection du guitariste Guimba Kouyaté, du virtuose du kamele ngoni Brahima Diakité et de quelques choristes, a-t-elle considéré le chemin parcouru, qui lui offre désormais le statut d’étoile africaine et de référence de la musique de tout un continent ? Passant de la polychromie étincelante de son prédécesseur à une approche plus hiératique, Acoustic offre le pari risqué d’un enregistrement sans filet, en une prise, sans répétitions ou presque, et le refus des overdubs et autres coquetteries de production. Il faut ainsi à la chanteuse un courage évident à affronter le temps qui passe (sa voix, comme celle de tout être humain, a évolué depuis 30 ans), et recouvrer dans un décharnement intime absolu, la majorité des chansons qui ont fait le succès de Mogoya, mais également quelques-unes de ses bonnes feuilles, dans lesquelles elle évoque le caractère irrémédiable de la mort, et des problèmes sociétaux comme le drame des mariages arrangés, ou les souffrances infligées aux femmes par un univers machiste. Tout à la fois gardienne de l’héritage mandingue et guerrière de l’émancipation féminine, Oumou Sangaré signe ici un album aussi puissant qu’indispensable.

OUMOU SANGARÉ
Acoustic
(No Format !)
WORLD