NORAH JONES > « LITTLE BROKEN HEARTS »

Dix ans après sa publication originale, l’un des meilleurs albums de la chanteuse connait une première réédition, augmentée d’un album live au Texas (avec le même répertoire) et d’une série de remixes. Un sommet au registre pop, après son succès mondial dans le circuit jazz, et avant des sessions folk et un retour célébré dans l’univers ternaire. Un beau préambule en attendant la sortie annoncée d’un nouvel album avant la fin de l’année.

PAR FRANCISCO CRUZ

ENTRE DEUX JAZZ SESSIONS, UN CŒUR BRISE

Durant les deux premières années de la confabulation Covid, surtout pendant la période des confinements, elle fut l’une des musiciennes les plus actives sur le web. Tandis que la plupart de ses homologues disparaissait, engloutie par la peur, Norah Jones se produisait à de nombreuses reprises sur la toile, lors de concerts intimes annoncés et diffusés sur des réseaux sociaux. Une attitude interprétée de façon contrastée, mais que nous préférions évaluer positivement : comme la meilleure manière de conjurer le climat (terrifiant) que certains cherchaient à imposer à la population planétaire.

Le retour sur scène, et la tournée mondiale de cette année -accompagnée de l’excellent batteur Brian Blade-, coïncident avec la présente réédition discographique laquelle, sans être un événement remarquable, replace Norah Jones dans une spirale ascendante ouverte à la promesse de nouvelles phases créatives. Ses concerts à Marciac et à Paris nourrissant cette intuition.

Destiné à faire découvrir Mrs Jones au public jeune (ils étaient des enfants dix ans auparavant), ce double album rendra heureux aussi tous ceux qui voudraient renouer avec ses belles chansons, devenues de grands succès : « Miriam », « She’s 22 », « Say Goodbay » ou « After The Fall »… On peut apprécier davantage la publication du live à Austin (2012), qui met plus en relief d’autres thèmes comme « Black » « All A Dream » ou « Take It Back », pour ne pas parler du très populaire « Good Morning ». Par le son et le répertoire, on sera catapultés dans la mémoire des premiers festivals We Love Green (alors au Bois de Boulogne), ou dans des festivals de jazz comme Marseille, avec Norah Jones comblant à elle seule les probables déficits de billetterie (par des affluences record du public). Toutefois, les remixes laissent un peu perplexes quant à leur pertinence, tant,  à l’écoute des originaux, ils paraissent simplement anecdotiques.

Restons, néanmoins, sur le plaisir que la voix de Norah Jones provoque dans un large auditoire. Econome à l’extrême dans la communication verbale sur (et hors) scène, c’est en jouant (au piano, à l’orgue, à la guitare) et en chantant que la fille de Ravi Shankar, sœur d’Anoushka, transmet le mieux ce qu’elle ressent. Jusqu’à l’arrivée de son prochain recueil comme cadeau de fin d’année, pour recoller les morceaux et panser les blessures des cœurs.

NORAH JONES

Little Broken Hearts  (Deluxe Edition)

(Blue Note/Universal)