MOLLY JOHNSON – « MEANING TO TELL YA »

CARNET INTIME

PAR CHRISTIAN LARREDE

Que font ensemble un sorcier de studio lauréat de Grammys, et une artiste récompensée par un Juno (une statuette équivalente à la première, et décernée à Toronto) ? Ils tentent d’enregistrer un album talentueux mais proche de l’os, et, souvent, ils y parviennent.

Après un disque en hommage à Billie Holiday (une passion qui confine à l’obsession pour la chanteuse, avec la présence ici d’une reprise du « Lady Day And John Coltrane » de Gil Scott-Heron), la Canadienne revient à un programme plus personnel, incluant trois reprises et sept partitions originales, le tout produit par Larry Klein (entre autres compagnon de route de Joni Mitchell ou Herbie Hancock), et illuminé par la présence du saxophoniste ténor Bob Sheppard. Le retour aux sources (des compositions au cœur de l’intimité de l’artiste, enregistrées à la maison en compagnie de vieux amis) s’opère sur un mode de rétropédalage qui renvoie aux riches heures des 70’s, lorsque la musique pouvait sans déchoir se situer à la croisée des chemins de la pop et de la soul (fortement teintée de funk). Le tout grâce à un talent naturel qui permet à Molly Johnson de s’approprier crânement « Boogie Street », composition évocatrice d’une rue de Singapour figurant au programme de l’album Ten New Songs de Leonard Cohen. Meaning To Tell Ya surprendra les fans de longue date par la maturité qui y est démontrée, et s’attachera de nouveaux laudateurs, tant la magie expressionniste ici développée devient exponentielle à chaque mesure.

MOLLY JOHNSON
Meaning To Tell Ya
(Universal)
SOUL