MOBY – « ALL VISIBLE OBJECTS »

RAVE BRISÉE ?

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Il y eut le triomphe planétaire (Play-1999), puis les différents moyens de s’en sortir (alcool, substances, tentations suicidaires), malgré les groupes mort-nés, les liaisons improbables (Bowie, Nathalie Portman) et la migraine de luxe au petit matin. Aujourd’hui, l’Américain, tatouage Vegan For Life sur le cou, consacre l’ensemble des bénéfices de ses entreprises à la cause animale, et revient à ses fondamentaux : faire danser les gens.

En onze morceaux, dont deux instrumentaux méditatifs, et neuf francs appels au dance-floor, Moby tente donc de gérer à peu près tout, et le reste : une éducation rigoriste, chrétienne et castratrice, la panique à se voir déifié, et une mélancolie récurrente. Assez curieusement, le modus operandi semble toutefois maintenir l’artiste en retrait (simplement deux pièces où son chant se retrouve en première ligne), confiné dans la tristesse, et la retenue, et la plainte induite, sans toujours éviter une paranoïa latente. En lieu et place, il convoque quelques figures emblématiques mais décalées : D. H. Peligro (ancien batteur du groupe punk Dead Kennedys), l’immense poète jamaïcain Linton Kwesi Johnson (une simple phrase en boucle, comme un diagnostic apocalyptique). All Visible Objects, 17ème production du bonhomme, est un album brillant, dans lequel Moby rappelle, si besoin était, quel praticien expérimenté il reste d’ambiances jazzy et lounge, et de séquences hypnotiques, et quelle perfection il apporte à chacun de ses appels à la danse. On aurait simplement aimé que ce disque s’avère plus proche de l’os.

MOBY

All Visible Objects

(Because Music)

electro pop

4/5