MARK GIULIANA – «BEAT MUSIC! BEAT MUSIC! BEAT MUSIC!»

LEGO TRIP

Le batteur sage découvert auprès de Dhafer Youssef, Brad Mehldau, puis de David Bowie, fait évoluer son concept de Beat Music vers un son électro résolument ludique. 

PAR ROMAIN GROSMAN

Ne dites pas à ma mère que je suis batteur de jazz… ». S’il répète trois fois son leitmotiv dans le titre de son nouvel album – « un clin d’œil à Ornette Coleman » -, c’est peut-être pour se persuader qu’il était temps d’assumer ses idées. Jusque-là, tout en travaillant de l’intérieur, avec son quartet, les structures rythmiques qui traversaient « son » jazz – à coup de boucles, de couches, de patterns superposés ou en miroirs –, le musicien restait dans une esthétique assez conventionnelle. Les lignes bougeaient, mais subtilement. Cette fois, au sein de Beat Music, son groupe (?), collectif (?), concept (?), c’est le grand saut et le batteur, aux baguettes et aux manettes, orchestre sa vision d’un électro joué et joueur, abordé avec une philosophie hédoniste, onirique, adolescente, comme pour prolonger le plaisir pris par le jeune Mark Guiliana découvrant Squarepusher, Aphex Twin ou Nirvana et Red Hot Chili Peppers, bien avant de se plonger dans le monde de Tony Williams et de Max Roach. Les thèmes mâtinés de dub fonctionnent ici comme des génériques de jeux vidéo ou de sci-fi, montés façon lego sonores, enrichis par les interventions de voix (Gretchen Parlato), de claviers (Jason Lindner) et surtout nourris par sa propre musicalité. Pour ceux qui avaient aimés le projet Mehliana avec Brad Mehldau.

MARK GUILIANA

Beat Music ! Beat Music ! Beat Music!

(Motema)

ELECTRO JAZZ

4/5