LOUIS CHEDID – « TOUT CE QU’ON VEUT DANS LA VIE »

COMME UN AMI FIDÈLE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Il s’est souvent abrité derrière (et on l’a encore plus fréquemment cantonné à) une mélancolie byzantine de doux et fin lettré. Mais il apparaît désormais que Louis Chedid, auteur, compositeur et interprète, réalisateur de clips, écrivain, créateur de comédie musicale ou artiste varié mais pas de variété, s’impose comme l’un de nos plus fidèles amis.

Certes, le plus que septuagénaire (près d’un demi-siècle après son premier album, et sept ans depuis son dernier effort en studio, perdu dans les poubelles de l’histoire par cause de faillite de son label) est un pilier (de la chanson française), de cet art suprême du refrain qui dit beaucoup avec peu de bruit. Mais il incarne ici tout sauf une pièce de musée : après une ouverture futée de rumba pour rire, mais déchirante (après tout, « Si J’Avais Su » évoque la fin d’un amour), il offre une séance de cinéma cintrée de mandolines (« Danser Sur Les Décombres »), puis nous requinque avec délicatesse, mais déterminisme (la chanson-titre, et ce « Redevenir Un Être Humain », où il ose affirmer que « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir» sans sombrer dans le ridicule). Et Chedid, qui ne s’effraie pas à « livrer un combat perdu d’avance », choisit de se souvenir avant de mourir (« La Fille Sur Le Banc », et sa délicate déambulation au cimetière du Montparnasse, en visite chez Maupassant ou Jean Carmet), et, surtout, d’aimer. Car Louis Chedid, reconnaissant de l’énergie offerte par ses enfants, et qui a choisi pour cet album de s’entourer d’une jeune garde – Marion B à la production -, désirait décliner onze variations de la douceur de l’amour, gorgées de positivité, mais pas de niaiserie. Et rappelle sans affèteries qu’une grande chanson (« Mon Enfant Intérieur ») ne nécessite parfois qu’un violoncelle et un piano. Il relève merveilleusement la gageure, haut la main.

LOUIS CHEDID

Tout Ce Qu’On Veut Dans La Vie

(Le Label/[Pias])

CHANSON