LEYLA McCALLA – «CAPITALIST BLUES»

ON DIRAIT LE SUD

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Que l’on se rassure : le troisième album de l’ex chanteuse et violoncelliste des Carolina Chocolate Drops concède bien peu au capitalisme.

En revanche, alter-mondialisme et humanisme répondent présents dans ce florilège poétique (si la poésie est un fusil) d’airs créoles, ou de jazz. Pour l’occasion, la native du New-Jersey aux racines haïtiennes a porté son dévolu sur la Nouvelle-Orléans, et, soutenue par le King James & the Special Men (sextet évoluant quelque part entre le boogie et Ray Charles), et une pléiade d’invités, tels l’accordéoniste zydeco Corey Ledet, le batteur Dixieland Shannon Powell, ou le collectif haïtien Lakou Mizik, né sur les ruines du tremblement de terre de 2010, elle a pratiquement planté sa tente dans le mythique Preservation Hall du Quartier Français. Grâce à un programme de compositions originales en créole haïtien ou anglais, la jeune femme radioscope avec un talent constant cultures opprimées et autres résistances face à l’injustice. Mais la grande nouveauté de ce disque reste que, pour la première fois produite par une tierce personne (le guitariste Jimmy Horn), Leyla McCalla s’abandonne au lyrisme d’une fanfare jazz, au crissement d’une guitare électrique saturé, et, plus généralement, à un rhythm and blues délicatement parfumé, à l’instar de celui de Professor Longhair. La chanteuse livre ici un album chaleureux, dansant. Le meilleur.


LEYLA McCALLA

Capitalist Blues

(Jazz Village/[Pias])

JAZZ/FOLK/BLUES/ZYDECO