IFRIQIYYA ELECTRIQUE – « LAYLET EL BOOREE »

DES TAMBOURS ET DES ESPRITS

PAR CHRISTIAN LARREDE

Avant, il y avait un adorcisme (c’est-à-dire la possession par une puissance externe), nourricier de la Banga, culte pratiqué par d’anciens esclaves d’Afrique Noire, dérivé d’une transe soufi développée dans le sud tunisien.

Un peu moins avant, il y avait deux musiciens (le français, François Cambuzat, fondateur du groupe d’avant-rock L’Enfance Rouge, et l’Italienne Gianna Greco à la basse), issus du post-punk ou de la no wave chère à Lydia Lunch. Et aujourd’hui, il y a ce deuxième album aux cultures croisées (les guitares et électronique se mêlant aux tablas), vidéos et danses complétant les harmonies. Le disque célèbre donc la rencontre entre le rock expérimental et une liturgie de possession, l’Afrique des saints et des mystiques, et l’Occident des chercheurs électriques. Le résultat résonne comme une cavalcade ininterrompue, la charge des tambours et des esprits, la scansion percussive de l’élévation de l’âme, et, d’une certaine manière, la foi et croyance en la musique industrielle détournée. La démarche ne s’inscrit pas dans le typique édulcoré, mais dans une approche où la musique le dispute au mystique. Et l’auditeur de se retrouver face à un mur du son, charnu et vibrant, une inspiration non conforme, et non confortable. L’un des projets les plus aventureux du moment.

IFRIQIYYA ELECTRIQUE

Laylet el Booree

(Glitterbeat/Differ-Ant)

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