FREDRIKA STAHL – « NATTEN »

La voix de la chanteuse suédoise nous avait séduit depuis la première écoute. Pourtant, ses albums précédents nous laissaient un goût d’insatisfaction, car très proches d’un style un peu stéréotypé de pop-jazz scandinave. Cette fois, Natten, son dernier enregistrement produit en France, résonne sur une tonalité de parfaite maitrise et d’authenticité.

PAR FRANCISCO CRUZ

Chanteuse, mais aussi parolière et, surtout, musicienne compositrice, Fredrika Stahl trouva pour la réalisation de cet album un partenaire à la (bonne) hauteur : Clément Ducol. Le complice privilégié de Camille, qui avait réalisé précédemment un travail d’orfèvre sur le dernier album de la coréenne Youn Sun Nah, est à la programmation et aux arrangements, et cela s’entend. Sans pour autant diminuer ou masquer tant soit peu l’expressivité et l’empreinte très singulière de la chanteuse, impliquée aussi à la programmation, qui joue des claviers électriques et s’accompagne au piano (avec une aisance pas feinte) sur certains morceaux choisis.

Composé avec intelligence sur un jeu oscillatoire entre morceaux doux, ballades limpides et thèmes rythmés et entrainants, le déroulé des plages ne laisse pas de temps morts et l’intérêt de l’écoute s’accroît au fur et à mesure, invitant à la répétition du plaisir. Aisément on passe de l’agréable («Turn of Life») au beau («Electric»), en dépit des connotations, de la sensualité tout en finesse au feeling aérien, pour aller des paroles simples aux métaphores poétiques plus sophistiquées. Se libérant de la cruauté du monde dans le flux ondoyant des rivières. Une nouvelle prolongation sur la dimension musicale de sa pensée écologique. La même qui inspira, il y a quelque temps, sa composition de la B.O. de Demain (film documentaire de et avec Mélanie Laurent).

«Finalement la Nuit» (l’unique morceau en langue locale, en duo avec Dominique A), Fredrika Stahl nous laisse le choix de fondre dans un «Bed Sheets» ou de demeurer suspendus comme un «Static Cellophane». Pour continuer sur Natten (nuit), dans un voyage lunaire en onze périodes sonores, de la plénitude vocale au susurre intimiste, nous préférerons remettre l’Electric(ité).

FREDRIKA STAHL
Natten
(10H10/Sony)