ERROLL GARNER – « OCTAVE REMASTERED SERIES II »

LE MAGICIEN OSE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Suite (et fin ?) de la série de 12 rééditions (restaurations de masters, bonus…) d’un pianiste emblématique d’une absolue joie de jouer. Trois bons disques et un chef d’œuvre.

Erroll Garner (disparu en 1977), c’est un standard (« Misty »), et une bonhommie virtuose qui l’a vraisemblablement détourné d’une renommée planétaire (qui ne sied qu’aux artistes et personnalités torturés). C’est également une discographie pléthorique, dont on extrait tout d’abord un hommage à deux artisans de l’american songbook, initialement enregistré de 1964 à 1967 à destination du public européen, avec la participation du formidable contrebassiste Eddie Calhoun. En guise de mignardise, Plays Gershwin & Kern offre une version de « Nice Work If You Can Get It » où l’on peut entendre chantonner notre homme. Dans Feeling Is Believing(1969), le pianiste plonge avec délice dans l’expression latine et le funk, grâce à des reprises des Beatles, Stevie Wonder ou Blood, Sweat and Tears. Avec Gemini, Garner s’essaie au clavecin, dans une tentative de renouvellement de son art, ce qui ne l’empêche pas d’y offrir une version inédite de « Misty ». Mais c’est grâce à Magician le bien nommé (initialement publié en octobre 1974) que le pianiste atteint des sommets. Entre autres entouré par une section rythmique en or massif (le batteur Grady Tate et Bob Cranshaw à la contrebasse), il laisse cohabiter des standards de Burt Bacharach, Michel Legrand ou George Gershwin avec ses propres compositions (dont l’épatant « One Good Turn », tout droit inspiré de l’univers du gospel). Le tout avec ce sentiment d’une musique distillée sans effort, et dans une chaleur expressive sans égal. Ce qui reste la marque de fabrique de l’Américain.

ERROLL GARNER

« Erroll Garner Plays Gershwin & Kern »

« Feeling Is Believing »

« Gemini »

« Magician »

(Mack Avenue/Pias)

JAZZ