DOMINIC MILLER – « VAGABOND »

Depuis trente ans, le monde entier connait Miller, le guitariste qui déploie des chromatiques tissus mélodiques aux côtés de Sting. Argentin d’origine, il a à son actif une série de disques instrumentaux a la beauté indéniable. Son toucher et son style, entre classique, jazz et folk, révèle l’énorme influence d’Egberto Gismonti et de Pat Metheny. Ce troisième album chez ECM, le plus original et autobiographique, est un passionnant vagabondage sonore.

PAR FRANCISCO CRUZ   PHOTO CHRISTOPHE BOMBART

Jouant sur le contrepoint entre silence et résonance, groove aléatoire et sophistication harmonique, cet album faussement erratique et indéfectiblement lumineux installe une atmosphère introspective et, en même temps, ouverte aux grands espaces. Le Miller vagabond raconte des histoires sans paroles, développant une dramaturge narrative qui évoque les songwriters pop et les chanteurs de folk. Il nous confiait récemment que son meilleur approche à la musique argentine n’est pas le rock de L.A. Spinetta ni la fusion de Pedro Aznar, mais à travers des interprétations de la légendaire chanteuse engagée Mercedes Sosa, notamment l’envoutant thème « Todo Cambia ». Ici c’est son « All Change » qui ouvre le bal instrumental (la référence est évidente) qui culmine par un « Lone Waltz » débordant de souvenirs.

Sur le chemin on retrouve des histoires d’hommes et de femmes, de cœurs ouverts et de cruautés, l’audace et la précarité des clandestins ainsi que le persistance émouvante de son père dans la mémoire (« Mi Viejo »). Qui a onze ans l’a emmené de Buenos Aires à New York, et lui a payé le premier billet pour un long voyage qui se poursuit aujourd’hui dans les quartiers de Paris. Après Boston et Sao Paulo, Londres et Le Luberon, d’une scène à l’autre aux côtés de Phil Collins et Peter Gabriel, Katie Melua et Tina Turner. Et de Sting, bien entendu, depuis trente ans. Vagabond est un (autre) album d’une finesse rare, cette fois en quartette mondial, avec Nicolas Fiszman à la basse, l’israélien Ziv Ravitz à la batterie et le suédois Jakob Karlzon au piano. Enregistré par le remarquable ingénieur Gérad de Haro  au Studio La Buissone, dans une région que Miller a bien connu lors d’une résidence prolongée dans le sud de la France.

Vagabond fut récemment présenté à Paris, au Studio L’Ermitage, une salle qu’il affectionne dans le populaire quartier de Ménilmontant. Un espace à taille humaine et loin des clichés touristiques ou guindés, où l’on peut descendre en short et espadrilles. Un coin pour vagabonds mélomanes.

DOMINIC MILLER

Vagabond

ECM / Universal

 

 

 

 

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