BEX CATHERINE ROMANO – « LA BELLE VIE »

MILLESIME

Les trois garçons ont pris leur temps, qui se sont pour la première fois croisés sur la scène d’un club de jazz parisien il y a plus de vingt ans. Depuis, ils se sont perdus (de vue) et retrouvés, vivant d’autres aventures (en compagnie de Babik Reinhardt, ou Louis Sclavis) en d’autres lieux et d’autres registres esthétiques.

PAR CHRISTIAN LARREDE

On ne peut indéfiniment laisser les choses en plan lorsqu’on incarne trois figures prééminentes du jazz du vieux continent. L’organiste Emmanuel Bex, le guitariste belge Philip Catherine, et le presque octogénaire Aldo Romano proposent ici leur premier album dans cette configuration, articulé autour de neuf compositions personnelles, en un parfaitement démocratique agencement en 1/3. Des partitions comme des hommages (à la mère de Catherine, au journaliste critique Maurice Cullaz, ou à Elsa Morante, épouse de l’écrivain transalpin Alberto Moravia), ou des déambulations oniriques (sous la plume de Bex, « Dans La Forêt » – dont un enregistrement célébrait en 1998 le premier galop discographique des trois – frémit des embruns des plages nordiques ou picardes du Crotoy ou d’Ambleteuse). Le jeu ouvert et impressionniste de l’orgue, Catherine et un sens aigu de la note signifiante car distillée avec une grâce économe, et les balais de Romano, empereur de l’allusif, génèrent un proverbe inédit : la valeur n’attend pas le nombre des années, mais s’en nourrit.

BEX CATHERINE ROMANO

La Belle Vie

(Sunset Records/L’Autre Distribution)

JAZZ

4/5