BENJAMIN BIOLAY – « GRAND PRIX »

VA VA VOUM

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Un album dédié au pilote de F1 Jules Bianchi, tragiquement décédé il y a 5 ans (et des partitions, dont la chanson-titre, directement nourries de ce thème). Un single addictif en avant-garde (« Comment Est La Peine ? »), une bande de graphistes copains illustrant les 13 chansons de l’album, et une iconographie de pochette proche du sublime, une tournée aux 6 coins de l’Hexagone dès le mois d’octobre. Le patron est de retour.

L’escapade argentine achevée (alimentant le diptyque Palermo Hollywood, en 2016 et Volver, en 2017), la nostalgie des grands anciens (album Songbook, 2018) rangée dans le placard aux souvenirs, et quelques participations plus ou moins notables à des séries télévisées (The Eddy, Capitaine Marleau), Benjamin Biolay a fait fi du confinement pour concevoir et enregistrer ce neuvième album dans deux studios, belge et hexagonal, en compagnie d’une poignée de musiciens, en un mode crooner pop clairement enclenché. Treize chansons donc, pour lesquelles on ne manquera pas de souligner l’influence de l’auteur de « Je suis venu te dire que je m’en vais », mais pas uniquement, tant l’influence des sixties, une saudade récurrente (mélancolie exsudée avec profondeur dans « Vendredi 12 » ou le conclusif « Interlagos Saudade », justement), et le goût certain pour, à la fois un ton de confidence, et le ripoliné d’orchestrations luxuriantes, permet de brillamment éviter le monocorde, ou les références jusqu’à plus soif. Biolay a conscience de ses limites vocales, et encore davantage de l’effet romantique et séducteur qu’elles peuvent avoir sur ses audiences. Un tel sens de la procuration offerte à vivre les détresses, les petits chagrins et les petits plaisirs de l’artiste, au sein de la concurrence actuelle ? A franchement parler, on ne voit pas.

BENJAMIN BIOLAY
Grand Prix
(Universal)
chanson