BEBEL GILBERTO – « AGORA »

SOUS LA PLAGE, LA LANGUEUR

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Retour au pays des vivants avec un nouvel album rompant six années de silence : Bebel Gilberto bercera de nouveau nos nuits d’été.

Produit par Thomas Bartlett (compagnon musical de Sufjan Stevens ou David Byrne), dont la mission essentielle semble avoir été ici de lâcher la bride sur le cou de la chanteuse, Agora (« désormais ») peut revendiquer une indiscutable dimension cathartique. En 2019, Bebel Gilberto a successivement perdu un ami cher à son cœur, son João de père, figure emblématique de la bossa nova, et sa mère, la célébrée chanteuse Miùcha. La synthèse de bossa, pop et musique électronique dont elle s’est faite une spécialité bénéficie ici d’une forte charge affective. Nimbé d’orchestrations luxuriantes en larges nappes irisées, on retrouve un chant souvent désincarné, aux effets de soieries séduisants. La nièce de Chico Buarque, plusieurs fois nominée aux Grammys, sait ce que générer des élans de sensualité en quelques mesures signifie. Et elle ne rechigne pas à l’exercice, en onze vignettes, que parfois un certain simple relâchement mélodique empêche de côtoyer les sommets. Mais dans la plupart des rendez-vous distillés, on retrouve avec ravissement l’ambiance languide et épicurienne qui contraste agréablement avec le Brésil de Bolsonaro. A l’opposé et ici, tout est luxe, calme et volupté. Surtout volupté.

BEBEL GILBERTO

AGORA

([Pias])

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