DERNIERS SWINGS AVANT QUE JJ CALE

PAR CHRISTIAN LARREDE

On doit impérativement se méfier des albums posthumes, trop souvent simples prétextes à faire chanter les tiroirs-caisses. Sauf que John Weldon JJ Cale, même mort (emporté en 2013 par une crise cardiaque à l’âge de 74 ans), et via Christine Lakeland (son ultime compagne et guitariste des années durant), n’a jamais rien fait comme les autres.

Ainsi, Stay Around, belle collection de 15 chansons (pas des rebuts, mais des mélodies simplement mises de côté pour d’hypothétiques futurs albums), composées et enregistrées à sa main, par cet homme d’Oklahoma City humble, et cultivant l’anonymat comme une seconde nature, déroge à la règle des albums posthumes décevants. Á l’exception de « My Baby Blues » (de la plume de l’épousée), la sélection n’inclut que des partitions originales du patron, et c’est un délice (certes, nimbé de nostalgie et de mélancolie) de retrouver les aventures de Cale au pays de son home studio (en fait son salon envahi par les consoles), Cale au banjo, Cale en compagnie de son groupe de tournée, ou Cale tout réfrigérateur éteint pour éviter le bruit du moteur, mais avec une chaise qui grince. Inutile de préciser que cette collection de western swing songs sautille gaillardement par-dessus les frontières du temps, emmenée par le chant murmuré le plus expressif de ce côté-ci de l’Atlantique ? Disque gentiment démodé, Stay Around, constitue l’archétype d’une musique d’aujourd’hui, et de demain.

JJ CALE

Stay Around

(Because Music)

rock-country