KOYAANISQATSI

PROPHÉTIES CONCRÈTES

PAR FRANCISCO CRUZ

«Koyaanisqatsi», le film écologique prémonitoire de Godfrey Reggio -inspiré de la prophétie hopi sur l’autodestruction du monde humain -, avec la musique de Philip Glass, est en salle 36 ans après sa création.

Les indiens hopi eurent l’intuition que l’homme courait à sa propre perte, et que les génocides perpétrés par les européens sur les peuples aborigènes de toute l’Amérique, n’étaient qu’un symptôme de la folie autodestructrice de l’humanité. En 1982, Reggio et Glass surprenaient le monde du cinéma, de l’art au sens large, et le grand public, avec ce premier film de conscience écologique. Paru comme un cri d’alarme bien avant qu’on parle de réchauffement planétaire, de saturation thermique et de trous de la couche d’ozone ; précédant Tchernobyl et Fukushima.

Construit comme un frénétique road movie planétaire, ce documentaire génial est une succession hallucinante d’images filmées aux quatre coins de la planète, des sites naturels merveilleux aux mégapoles de ciment et électricité.  Le lien entre l’homme et la nature est supplanté par la transhumance automatisée des individus au cœur des villes, qu’ils habitent dans des riches buildings métalliques ou dans des bidonvilles misérables de carton. Koyaanisqatsi montrait déjà comment, aliéné dans l’espace urbain, l’homme homogène mais isolé erre, sans trouver sa place dans la planète, et perd tout contact avec la nature, et avec lui-même.

KOYAANISQATSI

de Godfrey Reggio