ROCK EN SEINE

Déçus par une cavalcade festivalière en demi-teinte, nous sommes arrivés au festival parisien sans attentes démesurées, et bien contrariés de devoir rencontrer autant de forces policières que dans un pays en dictature ou en guerre. Heureusement, la musique était là, notamment celle de quatre artistes qui auront donné du relief aux soirées en bord de Seine : Lana del Rey, The Offspring, Pomme et PJ Harvey…

PAR LUNA CRUZ                                                                                                                            PHOTOS LUNA C

Le concert de PJ Harvey fut certainement le plus exigeant du festival et, par conséquent, une très belle clôture pour cette édition 2024. La chanteuse britannique, très habitée, a désarçonné le public de Rock en Seine avec un concert planant, plus rêveur que rock, tout du moins pour son entrée en matière. Absolument maîtrisée, la lente progression dans l’univers de PJ Harvey fut sublime et mystérieuse ; l’artiste donnant peu de clés aux spectateurs, les obligeant à se laisser porter subtilement et lentement par les mélodies de ses chansons. Dans une scénographie très épurée, le concert arborait un côté intimiste, étrange sur cette grande scène, exigeant des spectateurs une grande attention au déroulé. Plus le concert avançait, plus l’artiste se dévoilait, parlait et souriait à son public, puis entamait des morceaux plus rock et plus connus, jusqu’à atteindre un climax de totale communion. Un concert vécu comme une expérience musicale tout à fait à part.  

Celui de The Offspring s’averera un concert absolument génial, pas tant pour le spectacle sur la grande scène que pour l’ambiance renvoyée par la foule. Le public, ce fut bien le point ultra-positif de ce concert de début de soirée. Comme dans un jeu de société, ce public (âgé de 7 à 77 ans) était composé en sa grand majorité de trentenaires et quarantenaires nostalgiques et déchaînés, mais aussi de jeunes de 20/25 ans. Ceux-là connaissaient aussi ces chansons devenues des classiques de la pop culture, pour les avoir découvertes plus tard ou alors qu’ils étaient enfants, auprès de leurs aîné.es. Un concert très joyeux, avec une bande rock qui nous rappelait que l’âge ce n’est que dans la tête, en agissant eux-mêmes comme de grands enfants excités qui exultent !

Avant la grande série de concerts, avec beaucoup de prestations décevantes dont celle de Massive Attack, Pomme et Lana del Rey avaient ouvert le festival de la plus belle des manières.  

Une ambiance très positive et féministe avait été installée par la prestation de Pomme, dont le décors « champignon » aurait pu être davantage grandiose s’il n’avait pas servi seulement à cacher une grande scène prête pour le concert qui suivait (celui de Lana Del Rey). Comme l’annonçait intelligemment la chanteuse française en introduction, la foule n’était peut-être pas là pour elle seulement. Néanmoins, son concert fut joyeux, dynamique et mit à l’honneur ses nombreuses collaboratrices sur scène. Le jour tombait, l’ambiance était bon enfant et les mélodies de Pomme enchantaient le public, même si des clones de Lana Del Rey – vêtues de noir et dentelle, en bottes de cuir et ruban dans les cheveux -, se multipliaient dans la foule. 

Aucune déception pour LE concert, tant attendu, de la diva étasunienne qui suivit (le seul point sombre de la soirée aura été la souffrance de celles et ceux qui ayant trop attendu, finirent évanouis sur les brancards des secouristes…, ndlr). 

Lana Del Rey s’avance et débute son show, dans un cadre féerique, fait d’ornements métalliques et de plantes suspendues, le tout dans un style gothique-romantique. Sans être extrêmement bavarde, Lana Del Rey offre un spectacle de grande qualité, dans lequel les danseuses et les chanteuses qui l’accompagnent sont mises à l’honneur. Lana Del Rey se met régulièrement en retrait pour laisser ces autres femmes sur le devant de la scène. Puis la chanteuse ravit ses fans,  interprète ses plus grands tubes : « Summertime Sadness », « Young And Beautiful », « Doin’ Time » ou encore « Chemtrails Over the Country Club », mais aussi une longue série de morceaux moins connus, issus de l’intégralité de sa discographie, sans se contenter des dernières sorties. Le concert est long et, heureusement, envoûtant. A revoir sans hésitation.