Plus mûre dans le contenu de sa poésie, mais toujours pleine de la fraicheur dans ses interprétations, la chanteuse française d’origine hispanique fait le tour des plages, dans une actualité nationale agitée. Son nouvel album met l’accent sur le respect de la féminité, la solidarité entre les peuples, le refus des sentiments ségrégationnistes, le respect de la nature et la reconnaissance envers la sagesse de (certains) anciens.
PAR FRANCISCO CRUZ
DANSANT AVEC LES SOUVENIRS ET L’ESPOIR
Abonnée aux Victoires et autres prix musicaux, désormais Olivia Ruiz assume une indépendance rafraichissante envers l’industrie culturelle. « Je suis de celles qui nagent à contre-courant, qui refusent le sens du vent… que personne ne peut attraper, ni tenter d’emprisonner ». Dans ce temps de mercantilisme à outrance, ses paroles tentent d’offrir un autre regard sur elle-même et le monde qui l’entoure.
Evoluant au centre d’un paysage musical marqué par de nouvelles mutations, entre la sororité prônée par Sandra Nkaké et les revendications féministes douces mais fermes de Pomme, Olivia Ruiz affiche avec justesse une condition de parolière originale. Et nous renvoie au passage aux exercices poétiques développés autrefois, et dans un contexte plus confidentiel, par la chanteuse Elise Caron. Habillant de textes habités, des rythmes dansants et des séquences électro, des tournures hip hop et des ballades introspectives. Dans l’émotion à fleur de peau quand elle évoque le souvenir de son aïeul, ou dans l’affirmation solidaire quand elle offre (symboliquement) sa main à l’émigré arrivé du bout du monde.
Dans ce pays, que certains veulent transformer en Etat policier, et qui vient d’échapper (de tomber) dans la haine cultivée (dans l’ignorance) par les politiciens de l’extrême droite, La Réplique d’Olivia Ruiz résonne comme un chant libérateur porté par l’espérance bien féminine d’une vie différente. Et prouve qu’on peut danser intelligent, comme jadis avec Björk ou Nina Simone.
Après un intervalle de huit ans de parenthèse discographique, et des incursions dans les univers littéraire et cinématographique, Olivia Ruiz revient au milieu du bruit assourdissant des trompettes olympiques dissonantes. Dans le silence remarqué des voix de Camille ou de Hindi Zarah (longtemps absentes des scènes françaises), cet été a pour égérie pop la native de Carcassonne, petite fille d’émigrés espagnols sauvés du fascisme franquiste. Un « détail » qui parle et inspire (et exaspère d’autres, sans doute) en ces temps fortement troubles.
OLIVIA RUIZ
La Réplique
(Wagram)