GERA BERTOLONE > « FEMMINA »

C’est l’une des belles surprises automnales. La chanteuse sicilienne livre un second album ambitieux, très féminin (mais sans prétentions féministes), rebelle et libérateur. Un album aux Influences diverses et aux couleurs contrastées, perméable autant aux chants de transe traditionnels qu’aux mélodies pop. Un album aux accents rock, autant par sa forme, son instrumentation et, surtout, son esprit. 


PAR FRANCISCO CRUZ                                                        PHOTO  PHILIPPE PORTER

Certains évoqueraient un projet «retro-futuriste» et d’autres «tradi-moderne». Dans le jeu des dénominations aventureuses, et à l’écoute de quelques morceaux entêtants voire envoûtants et pro-transe, notamment «Abballati» la chanson d’ouverture , on pourrait aussi parler de «pizzica-rock» ou de «taranta-beat». Autant des mots qui peuvent donner une piste au lecteur, réveiller sa curiosité, mais le plus important c’est
le son.

Nous l’inviterons donc à l’écouter sans idées préconçues et à se laisser emporter par des mélodies douces ou des rythmes vifs et très dansants. Car, dans les deux
configurations, la vibration de la voix de Gera Bertolone agit avec un pouvoir de séduction indiscutable. Très à l’aise sur les figures rythmiques endiablées de la
tarentelle, elle ne se montre pas moins inspirée sur des arrangements pour quatuor à cordes nés de sa propre plume.

En femme des temps présents, où les valeurs de la féminité et de la sororité retrouvent un nouveau sens pour l’existence, la chanteuse arrange et interprète un
répertoire choisit avec pertinence, qui revendique des libertés perdues ou jamais respectées dans les sociétés patriarcales. Ainsi, elle procède même à la recréation
textuelle de certains thèmes traditionnels en changeant radicalement le sens original, pour en faire des appels libérateurs à la conscience des femmes (et des hommes
qui disent les aimer).

Le temps des intervalles, ponts ou interludes, où le chant se fait silence, la chanteuse prend la clarinette pour s’associer au batteur Guillaume Abbonville, au
guitariste Roberto Stimoli, au violoncelliste Mauro Basilio, ainsi qu’au Anouma String Quartet. Pour initier un voyage ensoleillé vers les iles du sud.

GERA BERTOLONE
Femmina
(Sonora Recordings)