Un événement qui fait sens. On y retrouve l’oudiste Smadj associé au poète hip hop Napoleon Maddox, le clarinettiste Yom et l’organiste Baptiste Florian Marle-Ouvrard, les chanteuses Liraz et Ariana Vadafari, le chanteur soufi Walid Ben Selim et la DJ Sharouh, la harpiste Marie-Margherite Caro et le guitariste David Konopnicki. Comme dans la fable du colibri, une goutte d’eau sur l’incendie.
PAR FRANCISCO CRUZ
RENOUVELER LE SENS DU SACRÉ
Les religions sont l’une des créations humaines les plus contradictoires. Tout au long de l’histoire, au nom des religions les hommes ont fait la guerre, détruit des villes et des campagnes, et massacré leurs semblables. Incapables de tolérance, les hommes fanatisés n’ont jamais hésité à commettre des crimes abominables afin d’imposer aux autres leurs propres croyances. Dans nos sociétés contemporaines, les guerres pour le profit financier n’ont pas remplacé les guerres de religions, et les appels à la paix sont soumis à toutes sortes d’arrangements et d’enjeux commerciaux. Si bien que le sens porté par les livres sacrés, les mots sensés répandre l’amour, la tolérance et la bienveillance entre les humains, restent lettre morte dans des vastes régions de la planète, dans les quartiers périphériques des grandes villes, et aussi dans l’intimité des familles croyantes (ou pas).
Au moment où le fantôme d’une guerre nucléaire et bactériologique réapparaît en force, pour anéantir les nouvelles tentatives de création d’un monde aimable à vivre, où les dirigeants politiques avec un cynisme sans limite utilisent les principes religieux comme justificatifs aux pactes silencieux avec des empires financiers, qui peut encore croire et œuvrer pour la paix et la fraternité ? Les artistes, célèbres ou confidentiels, et les gens sensibles à l’art, probablement. Les artistes seront-ils le dernier rempart d’un humanisme autrefois libérateur et solidaire ? Ou une minorité qui ne pèse pas lourd dans des sociétés livrées aux conflits capitalistes, et/ou habillés en affrontements religieux ?
Dans ce contexte, un festival de musiques originaires (ou inspirées) des pays en guerre (du Moyen-Orient dans ce cas), jouées par des musiciens de ces mêmes pays en conflit – qui se retrouvent sur scène pour surpasser leurs différences et identités culturelles -, est un geste de communion, un acte de résistance et un mouvement de rébellion. Même à des milliers de kilomètres des zones sinistrées. Pour dire « Non », la guerre n’est pas une destinée, et l’annihilation de l’autre n’est pas là pour satisfaire aucun dieu. La mort et la destruction ne sont pas le passeport vers aucun paradis.
Contre toute tentative de disqualification, ou soupçons de démagogie, ce festival réunissant des musicien(ne)s israéliens et iraniens, mais aussi marocain, tunisien, française, espagnole et étasunien (mais – la question est pertinente – pourquoi aucun musicien palestinien ?), est un événement qui fait sens. On y retrouve l’oudiste Smadj associé au poète hip hop Napoleon Maddox, le clarinettiste Yom et l’organiste Baptiste Florian Marle-Ouvrard, les chanteuses Liraz et Ariana Vadafari, le chanteur soufi Walid Ben Selim et la DJ Sharouh, la harpiste Marie-Margherite Caro et le guitariste David Konopnicki.
Comme dans la fable du colibri, une goutte d’eau sur l’incendie. Dans l’espoir que d’autres initiatives surgissent et aident à éteindre le feu qui menace avec la destruction totale de ce que nous sommes.
La musique comme énergie vitale pour renouveler le sens du sacré, comme défense et impulsion de la vie.