MARSEILLE > JAZZ DES CINQ CONTINENTS

DANSES SOUS LA LUNE ROUSSE

PAR FRANCISCO CRUZ

L’ovation faite à Youn Sun Nah résonne encore quand démarre une Big Party, pleine de souvenirs et qui emportent un public jeune sur les reprises des JB’s orchestrées par Fred Wesley avec la complicité terriblement groovy de la chanteuse Martha High ! Kool & The Gang se la joue aussi cool que spectaculaire, dissimulant le temps qui passe par un efficace mélange d’anciens et de jeunes musiciens, de sensualité provocatrice et d’auto dérision. L’invitation à la danse se prolonge sous la pleine lune, avec l’Afrique à l’honneur. La new-yorkaise Somi, rwandaise-ougandaise par ses origines, hérite d’une douloureuse histoire et s’intéresse de près à l’actualité africaine. Son mélange de hip-soul et d’afro-blues surprend et progressivement captive le public… qui attend avec impatience Youssou N’Dour. Le mbalax du sénégalais, légèrement plus soft que par le passé, reste très habité et riche de la science poly-rythmique de ses musiciens. La popularité intacte, sa prestation atteint son climax quand trois mille personnes entonnent à capella «7 Seconds», son tube planétaire avec Neneh Cherry (il y a 24 ans déjà…).

Le jazz dans tout ça ? Il revient par le toucher classique de Chick Corea – bien secondé par la basse de John Patitucci -, et sur les envolées syncopées, étincelantes par intermittence, de Roy Hargrove. Prélude à une soirée de clôture annoncée comme une vitrine du « new jazz ». Pur produit de la constellation marseillaise, OneFoot joue une première mi-temps en rapides triangulations jazz-électro-pop, tandis que le duo Jeff Mills-Emile Parisien propose une relecture coltranienne dont la densité-intensité du dialogue atteint, par moments, un niveau d’inventivité imprévisible. Les mancuniens de GoGo Penguin sont dans un processus de maturation de leur musique répétitive – vers des territoires trip-hop-jazz encore peu explorés – et offrent une prestation solide, sous une spectaculaire éclipse lunaire. Dans cette ambiance cosmique, atterrissent les Funk Apostles de Cory Henry pour une messe païenne ultra-dansante qui transfigure l’orgue Hammond, enflamme la scène et transporte l‘auditoire. Quarante minutes de transe funky-gospel pour un final en beauté.