ROCKETMAN

TIREZ SUR LE PIANISTE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

En 6 albums essentiels (pour qui s’intéresse à la pop teintée de country, de rock, et d’orchestrations démonstratives) et bien davantage de hit singles, Reginald Dwight a monopolisé les classements de vente des années 70. Et vous le connaissez mieux sous le nom d’Elton John. 

Produit par Elton John, et s’appuyant sur les chansons d’Elton John (même si elles sont ici interprétées par les acteurs), ce biopic sur Elton John prenait le risque de l’hagiographie. Il y tombe à pieds joints, et on en vient à regretter la précédente réalisation de Dexter Fletcher, évocateur avec Bohemian Rhapsody du parcours tragique de Freddy Mercury. Qu’Elton John ait été un petit garçon mal aimé de son père, un adolescent frustré dans ses penchants homosexuels, et un petit génie de la pop une décennie durant, ne fait peu ou prou aucun doute. Et que Taron Egerton, dans le rôle principal, fasse preuve d’un allant et d’une totale appropriation du personnage, ne s’expose à aucune critique. On pourra même saluer les facilités prises avec la chronologie, ou le parti-pris esthétique de confier les parties chantées (et réorchestrées) à la troupe. Malheureusement, si l’on excepte quelques scènes de haute volée (les débuts américains du chanteur sur la scène du Troubadour), Rocketman ne délivre bien peu de l’intelligence, de l’humour, et de la sensibilité à fleur de peau du héros. Et, malgré l’amoncellement baroque des costumes de scène, des villas dorées su tranche, et à cause de cette consensualité molle qui gomme les moments peu politiquement corrects, on s’éloigne à grandes encablures de la fantaisie musicale initialement promise.

ROCKETMAN

de Dexter Fletcher