SANTANA – « AFRICA SPEAKS »

RETOUR AUX SOURCES

PAR CHRISTIAN LARREDE

Enregistré lors de sessions d’une poignée de jours dont on a souvent retenu simplement la première prise (et après une rigoureuse sélection au sein d’une cinquantaine de partitions), le 40ème (sic) album du Californien le proclame haut et fort : ici, l’Afrique pousse loin sa corne.

Certes, la guitare du leader n’a pas flamboyé de pareille manière depuis des lustres (Borboletta, en 1974 ?). Et on appréciera particulièrement le travail de l’orfèvre dans « Blue Skies », bluesy et entêtant, comme une longue montée du désir, puis prenant son envol dans une éruption de lave. Certes, la tendre épousée Cindy Blackman Santana démontre tout du long que sa batterie n’est pas là pour faire tapisserie. Certes, le bassiste Benny Rietveldt réinvente l’alchimie de duos imparables avec son guitariste de leader. Certes, l’e groupe en son entier exalte à chaque mesure sa capacité à la pyrotechnie ou au recueillement. Certes, le répertoire retenu délivre, comme une ivresse jamais bridée, toute la polyrythmie d’un continent, mais également le binaire le plus parfaitement électrique, mais aussi toutes les facettes du jazz ou de la rumba ou de l’afro-beat. Mais convenons-en : la grande affaire de cet album reste Concha Buika, compositrice et chanteuse, ici tellurique, expressive, et détonante. La jeune femme de Palma de Majorque régit le tout d’une voix d’airain dans un gant d’acier. 

SANTANA

Africa Speaks

(Concord/Universal)

ROCK