COCHEMEA – Vol. II : BACA SEWA

INDIEN VAUT MIEUX QUE DEUX TU L’AURAS

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Comment retrouver ses racines pour la deuxième fois lorsqu’on a été le brillantissime saxophoniste des Dap-Kings (orchestre de la regrettée Sharon Jones) ? En tapant sur des tambours.

On le surnomme l’electro-sax space warrior : Anthony Gastelum, d’origine mexicaine et d’ascendance Yaqui et Mescalero Apache, désormais résidant à New-York, s’est illustré aux côtés de David Byrne ou Amy Winehouse, puis a creusé ses antériorités amérindiennes, puisqu’aussi bien Baca Sewa est son nom de famille d’avant la colonisation espagnole. Ainsi, le précédent album (All My Relations) avait posé les bases d’une quête d’archiviste, respectueux de ses origines, mais soucieux de démarche transcendantale, comme un affectueux salut aux générations précédentes. Ici, les percussions mènent la pulsation (c’est le moins) et la danse au cœur d’un jazz fusion économe de ses moyens, mais pas de son lyrisme, grâce à la participation, même si paradoxale, de sept percussionnistes new-yorkais. Le saxophoniste et flûtiste – et désormais multi-instrumentiste et arrangeur – rend successivement hommage à plusieurs de ses ancêtres, parfois enjoué, parfois mélancolique, mais toujours lyrique. La juxtaposition des tambours, du saxophone et des chœurs offre une couleur âpre, mais également un périple vers les berges les plus ancestrales du jazz, sur un mode expressif. Aux antipodes, l’Afrique qui pousse sa corne, et la latinité bafouée, mais debout. Au milieu, et dans sa famille (universelle), Cochemea.

COCHEMEA
Vol. II : Baca Sewa
(Daptone/Modulor)