ANGELIQUE KIDJO – « CELIA »

CELIA

PAR CHRISTIAN LARREDE

Après avoir ramené le mythique album des Talking Heads Remain In Light à la source de son inspiration panafricaine, la Béninoise, désormais seule diva internationale de son continent et assurément personne engagée dans son époque, souligne, dans cet hommage à la reine salsera Celia Cruz, les constants va et vient esthétiques – comme une mixité vécue en échange – entre la salsa cubaine et la musique africaine (et plus précisément la culture yoruba).

Angélique Kidjo complète donc, par cette évocation de la figure tutélaire de la diaspora cubaine, son panthéon intime, où trônent déjà Aretha Franklin et Myriam Makeba. Naturellement, ces dix pièces trouvent un écho particulier dans le parcours de ces deux femmes (Kidjo, très jeune fille, applaudissant en 1974 l’artiste de La Havane sur une scène de Cotonou), ces deux cheffes d’orchestre, et ces deux exilées. Le fidèle batteur Tony Allen, Shabaka Hutchings au saxophone, la bassiste Meshell Ndegeocello, des membres de Sons of Kemet, les percussions du producteur de l’entreprise David Donatien (comparse de Yael Naim), ainsi qu’un brillant aréopage de musiciens africains, participent à l’aventure, qui ne restera pas sans lendemain, puisque la chanteuse a décidé de défendre l’album sur scène en compagnie du percussionniste cubain Pedrito Martinez. Ayant pioché dans le répertoire pléthorique de Celia Cruz jusque dans les années 50, Angelique Kidjo croise deux destins, deux univers esthétiques, et joue avec les codes harmoniques (là, la guitare remplace la section de cuivres initiale, ici, l’afrobeat impose toute sa subtilité). Un album indispensable.

ANGELIQUE KIDJO

Celia

(Verve/Universal)

AFRO CUBAIN