KEITH RICHARDS – « TALK IS CHEAP »

KEITH COOL

PAR CHRISTIAN LARREDE

Nul n’ignore qu’en 1987, les rapports entre Keith Richards et Mick Jagger sont détestables. D’autant que le chanteur des Stones (un groupe alors en sursis, plombé par un indigne Dirty Works paru l’année précédente) vient de publier son deuxième album solo, Primitive Cool.

Le guitariste revient alors sur son serment de ne jamais enregistrer sans ses amis d’enfance, et bat le rappel d’une fine équipe, en partie déjà rassemblée sur Hail ! Hail ! Rock’n’Roll, documentaire en hommage à Chuck Berry. Le batteur Steve Jordan, ou le claviériste Ivan Neville, agrémentent donc une armée mexicaine de rockers exubérants. Dans le premier album en solo de Richards qui s’ensuivra, le roi du riff séminal réaffirmera son sens de la guitare rock, les limites d’un chant voilé et, assez curieusement, fragile, et son goût affirmé pour les rythmes binaires et électriques, au détriment de la joliesse des mélodies. Cet album récréatif, brinquebalant et foutraque connait donc aujourd’hui les honneurs d’une édition anniversaire, et l’occasion est bonne de rappeler que Richards y a sacrifié tant et plus aux délices du groove, assisté en cela par quelques magisters du genre, tels Chuck Leavell à l’orgue, les saxophonistes Bobby Keys ou Maceo Parker, ou le bassiste Bootsy Collins. Outre une édition vinyl incluant un fort livret, et un double cd, le remastering des chansons originales s’accompagnent des indispensables pistes inédites (dont une version du « My Babe » de Willie Dixon, et des jams où brille la guitare de Mick Taylor). Un enregistrement attendrissant même si pas indispensable, et assurément le meilleur album en solo d’un Rolling Stones.

KEITH RICHARDS

Talk Is Cheap (30th Anniversary 2 CD Edition)

(Bmg/Warner Music)

ROCK