BORJA GONZÁLEZ – « THE BLACK HOLES »

CHACUN SES FANTÔMES

Et si le plus court chemin d’une robe à crinoline à un collant résille déchiré était le trou noir ?

PAR CHRISTIAN LARREDE

Une jeune fille se promène dans la forêt, et rencontre un squelette parlant. Par la suite, elle écrit de la poésie baroque. Nous sommes au milieu du XIXème siècle (1856), et la jeune fille fait le désespoir de ses parents. Une adolescente est mue par un seul projet dans l’existence : monter un groupe punk, dont le nom, The Black Holes, s’inspire des travaux du cosmologiste et physicien Stephen Hawking, théoricien du rayonnement du même nom. On ne sait pas grand-chose des parents de l’adolescente, et l’action se situe de nos jours (2016). Le deuxième roman graphique du scénariste, dessinateur et coloriste Borja González (natif de Badajoz, dans l’Estrémadure espagnole) confirme que ce dernier reste fasciné par les histoires de fantômes, et habité par le désir de considérer chacun de ses albums comme l’une des pierres de son édifice intime. Il revendique également une dimension autobiographique à cette centaine de pages et manie avec duplicité les anachronismes (la punk music n’étant plus vraiment d’actualité aujourd’hui, pas davantage en fait que le romantisme). Revendiquant une palette graphique sous influence de Mike Mignola (Hellboy) et par-dessus tout Moebius, mais également, jusque dans l’apprentissage de la couleur, du cinéma et des jeux vidéos, ce qui résonne d’évidence dans l’utilisation des aplats et le découpages des planches, il offre ici une œuvre profondément personnelle, et manifestement annonce la naissance d’un futur grand d’Espagne.

BORJA GONZÁLEZ

The Black Holes

Editions Dargaud, 128 pages