FRANQUIN & GOTLIB – « SLOWBURN »

A LA MI-AOÛT…

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Trois planches originales ici agrémentées, après plusieurs éditions pirates, d’une cinquantaine de feuillets didactiques : l’archiviste fou a encore frappé, qui nous permet de revenir sur la rencontre entre deux éminences de la bande dessinée francophone.

En 1975, André Franquin se remet à grand-peine d’un infarctus massif, et de la dépression qui va avec. Marcel Gotlib, quant à lui, crée Fluide Glacial (le magazine), et propose à celui qu’il considère comme son maître un exercice de style dit du gag différé. Pour ce, le créateur de Gaston Lagaffe fournit huit cases dans lesquelles un couple de chats fait ce que font les chats à la mi-août, à l’apparente satisfaction générale. Le papa d’Hamster Jovial s’empare alors des dessins originaux, les triture, y adjoint un catalogue d’onomatopées, et offre une nouvelle maquette à l’ensemble, pour parvenir au résultat final de 15 pages, bourrées de feulements de plaisir, et de queues dressées, et riches d’un gag conclusif en mode électroménager. On nous délivre donc l’ordonnancement créatif des cases, et des textes explicatifs tout à fait précieux. L’album en petit format proposé ici n’a naturellement pas la prétention de rallier les incunables du 9èmeart. Mais c’est avec émotion que l’on retrouve ce graphisme duel qui, par son impertinence, son caractère décalé, nous a tant fait rire. Après ce moulin (tourne petit) rose, Franquin enchaînera sur ses historiques Idées Noires. Mais, en amont, Slowburn rappelle que la chair n’est pas toujours triste.

 

 

FRANQUIN & GOTLIB

Slowburn

Fluide Glacial, 56 pages