Autour de musiques intelligemment arrangées et (re)mises en place, brillamment interprétées, loin de la facilité qui pourrait accompagner la reprise de covers pop, le trio SR9 a offert une présentation convaincante de son album Déjà Vu, dans le magnifique cadre acoustique du Théâtre du Châtelet, au centre de Paris….
PAR FRANCISCO CRUZ
(PAS SI) DEJA VU
Rien ne pouvait assurer d’avance la réussite scénique de ce projet hybride et très largement expérimental. Même pas la pertinence de la production, ni la qualité sonore d’un album enregistré dans des très bonnes conditions. Et ce malgré la qualité manifeste des voix invitées pour chanter des paroles au succès planétaire dans leurs versions originales. Passer du studio au live était un beau challenge que le trio de percussionnistes (classiques) de SR9 et ses invités – Sandra Nkaké, Camille, La Chica, Camélia Jordana, Blick Bassy, Malik Djoudi… -, auront accompli de belle manière.
Fascinés par les possibilités acoustiques inhérentes aux marimbas, Paul Changarnier, Nicolas Cousin et Alexandre Esperet, un trio de musiciens formés au Conservatoire de Lyon – pertinemment aidé par les arrangements orchestraux proposés par leur complice et ancien camarade Clément Ducol -, ont réussi à magnifier une sélection de thèmes pop, les sortant du cadre plus au moins étriqué de musiques à succès populaire. Parfaitement reconnaissables, sans perdre de leur familiarité, ces airs recréés, reconstruits ou réinventés, jouissent désormais d’une nouvelle existence.
Hormis la maîtrise instrumentale des percussionnistes, sur un set réunissant toutes sortes d’instruments et matériaux en bois, en verre, en terre, en peaux, c’est l’excellence vocale des invités qui aura porté le spectacle jusqu’à d’éphémères moments magnifiques de beauté. On soulignera notamment les performances de Sandra Nkaké et de Camille (reprenant respectivement «Video Games» de Lana del Rey et «Don’t Stop the Music» de Rihanna). La complicité entre les chanteuses, des attitudes non-égotiques qui révèlent une vraie complicité artistique, ont installé une ambiance chaleureuse que la disposition statique des sets instrumentaux auraient pourtant pu figer. Le passage d’un thème à l’autre, les liaisons dans les intervalles restent encore perfectibles. Si ce projet est amené à se (re) jouer sur scène.
TRIO SR9
Déjà Vu
(No Format)
