OLYMPIA ETE 2022

GARY CLARK JR. / GEORGE BENSON / JACOB COLLIER

Les tournées ont repris et chaque soir de cet été 2022, la salle du boulevard des Capucines accueille des têtes d’affiche internationales.

PAR ROMAIN GROSMAN (feat. FABIEN et LENNY GROSMAN)

Gary Clark Jr. prend possession de la scène comme il la quittera deux heures plus tard : dans une certaine désinvolture (ou nonchalance) naturelle. Rien de surjoué. Sa grande silhouette – il arpente la scène tout de noir vêtu, chapeau compris, sauf ses boots en daim clair -, suffit au bluesman pour occuper l’espace. Et tout au long de son live, Gary Clark Jr. passera ainsi d’un thème à l’autre sans trop se soucier des enchainements, du rythme du show, d’une envie de saisir l’auditoire que d’autres manient avec savoir-faire. Rien de tout cela en ce soir de juin chaud, mais juste ce qu’il faut. Comme à son habitude, le chanteur et guitariste ne barguigne pas, ne tente pas la séduction gratuite, et c’est plutôt à mettre à son crédit car côté musique, il ne triche pas. Son répertoire balaie un arc esthétique qui va du blues au rock, parfois heavy, avec un investissement indiscutable et un charisme qui fait son effet. Son jeu de guitare est incisif mais pas éblouissant, son chant en impose, sauf dans les thèmes pris d’une voix de tête pas franchement convaincante. On apprécie ses incursions dans le blues texan de ses origines (il vient d’Austin), dans une cover de B.B.King, mais encore plus dans des thèmes à lui, entre-deux genres, au groove épais, lancinant. Et finalement, sans nous avoir vraiment captivé, sauf en de rares moments, on se dit – encore une fois, et comme lors de ses passages précédents dans la ville Lumière -, qu’on ne s’est pas ennuyé de la soirée.

George Benson approche les 80 ans. On adore Mister George, formidable guitariste et brillantissime chanteur. L’héritage de Wes Montgomery (et de Grant Green), de Nat King Cole (et de Donny Hathaway), sur les épaules d’un seul homme, ce n’est pas rien. Et le simple souvenir de ses mémorables concerts à Bercy dans les années quatre-vingts (avec cuivres, percus, etc), au sommet de son art, l’envoie dans notre Panthéon du jazz et de la soul. Mais le temps passe et sa tournée 2022 confirme une économie dans son jeu (moins de chorus, de nombreux morceaux sans décrocher sa guitare), et un chant contraint dans des limites davantage perceptibles. Sauf à s’accrocher à la nostalgie, à l’admiration (légitime) pour l’immense artiste, le Benson 2022 (sans son acolyte Stanley Banks à la basse, cette fois), ne rivalise pas avec celui de l’âge d’or. Même si les plus jeunes, venus accompagner leurs parents dans un Olympia plein et rapidement chaviré par ses hits, n’auront pas à regretter d’avoir suivis leurs « darons » et « daronnes »…

Jacob Collier draine un public de son âge mais pas que. D’abord parce que sa musique, bien que juvénile, puise à la source de différents idiomes qui parlent à tout le monde. Il y a un peu de Take 6 dans les harmonies vocales qu’il met en place seul, ou avec l’appui de son auditoire. Un peu d’Herbie Hancock, de Weather Report, de Steely Dan, dans ses thèmes fusion, entre jazz et funk.


Puis Jacob Collier, qui passe des claviers, à la basse, aux percussions et au vocoder, avec un groupe au diapason de son leader, dont une excellente vocaliste, Alita Moses, a surtout une personnalité solaire qui pulse plein de bonnes vibrations dont on a tous besoin. Vu ce qu’il se passe hors les murs de l’Olympia – retour de la menace du duo pandémie-gouvernance liberticide, situation économique et écologique -, la foule a choisi de communier, de saluer un talent protéiforme mis au service d’une expression généreuse, partageuse.

 

GARY CLARK JR., L’OLYMPIA, PARIS, 26 JUIN
GEORGE BENSON, L’OLYMPIA, PARIS, 2 JUILLET
JACOB COLLIER, L’OLYMPIA, PARIS, 3 JUILLET