NICE JAZZ FESTIVAL (PART 1 et 2)

ALL STAR GAME

PAR CHRISTOPHE JUAN 
PHOTOS Z@IUS

C’est avec la pluie que ce 70ème anniversaire du Nice Jazz Festival a débuté, contraignant la direction à annuler la première soirée. Le parrain de cette édition, Gregory Porter, reprogrammé le lendemain, toujours avec l’Orchestre Philharmonique de Nice sous la direction de Vince Mendoza en personne, se produit finalement sur la scène Verdure dans une perspective visuelle et une qualité sonore bien plus agréables. Le répertoire de Nat King Cole prend une belle couleur ainsi arrangé et l’émotion est palpable dans le public. Avant cela, DeRobert confirme sur scène la qualité de ses albums sortis chez G.E.D Soul : une voix, une présence, on en redemande. Malheureusement un peu de déception suivra, avec la prestation de R+R = Now. Sur le papier Glasper/Scott/Hodge/McFerrin/Martin/Tyson : l’affiche promettait beaucoup, rassemblant le meilleur de la nouvelle génération hip hop jazz. L’album laissait même entendre des choses intéressantes, mais si les musiciens donnent l’impression de bien s’amuser, la sauce ne prend pas. Chacun y allant de son solo, on pouvait attendre autre chose d’un tel All Star. Le lendemain, c’est un Seun Kuti égal à lui-même qui prend d’assaut la scène Masséna avec Egypt 80. Cuivres puissants, rythmique inaltérable, le descendant du « Black President » ne plaisante pas : musique de combat. De quoi interpeller et secouer la pulpe d’un public patientant jusqu’à l’arrivée d’Orelsan.

BLUES AND SOUL

PAR  ROMAIN GROSMAN
PHOTOS Z@IUS

Dans une fin d’édition anniversaire qui fit grincer quelques dents – la pop ou l’électro des invités de la grande scène submergeant souvent en décibels les prestations des jazzmen de la scène « Verdure » -, la soul et le blues se font une place. Bilal, un peu sorti des radars comme pas mal des artistes de cette vague (Erykah Badu, Jill Scott, Anthony Hamilton, Dwele, Mint Condition…) démontre pourtant une aisance vocale et un feeling intacts, tant sur les thèmes les plus funky que sur des inflexions jazz, où son sens du swing félin fait son oeuvre. Placé en début de soirée sur Masséna, face à un public clairsemé, il ravive les regrets, sur une carrière jamais totalement aboutie. La faute aussi à une forme de désinvolture, comme ce peu de contact avec la foule, ces apartés avec ses musiciens qui excluent au lieu de communier, ou ce final sans un mot, au terme d’une prestation pourtant largement au-dessus de ce que proposent nombre de chanteurs actuels. La veille, très sobre dans sa présentation, Gary Clark Jr. avait su attraper par le col un auditoire (davantage venu pour Massive Attack) plus forcément enclin à écouter du blues. Un blues rugueux, râpeux, aride, qui, à l’image de son jeu de guitare rêche, au son âpre, ou de sa voix rauque, tracte tout un héritage dans son temps à lui. Où le rock prend souvent le pas, avec une touche vintage sans affèterie.