Le cadre – la pinède Gould, la scène adossée à la mer -, inspirant pour les artistes et pour le public, est propice aux plus belles performances. Et Juan, au fil du temps, n’a jamais dénaturé sa vision exigeante et qualitative du jazz et des musiques cousines. L’équation qui se présente aux organisateurs de festivals de jazz est pourtant bien plus compliquée aujourd’hui : les légendes disparaissent et se raréfient. Les Wayne Shorter, Ahmad Jamal, que les estivants prenaient plaisir à retrouver nous ont quittés. Keith Jarrett, Sonny Rollins se sont retirés. Mais Jazz à Juan panache les affiches singulières et populaires, avec pour cette édition, une large place faite aux femmes.
PAR ROMAIN GROSMAN
GRANDES VOIX PLURIELLES
Le festivalier qui aurait l’idée et l’envie d’assister à cette édition dans son entièreté, pourrait se faire une belle idée de la variété des voix féminines actuelles. Samara Joy, lauréate de nombreux prix, est la révélation du jazz au féminin. Son classicisme dénote dans une époque qui privilégie l’originalité à tout prix. Le même soir (10/7), Dee Dee Bridgewater qui a honoré Billie Holiday, Ella Fitzgerald, l’a précédée dans le cœur du public français, en imposant sa marque sur le grand répertoire.
Lizz Wright (13/7) se démarque, avec sa voix ambrée, charrie un jazz où le blues, le gospel, nourrissent une expression émouvante. Sans doute l’une des plus belles chanteuses contemporaines.
Imany, Angélique Kidjo et Fatoumata Diawara (19/7) sont la promesse d’une grande soirée dédiée à trois femmes à la personnalité marquante, combattantes, ambassadrices de cultures puissantes, marquées aussi par les voyages, les rencontres.
Youn Sun Nah et Melody Gardot (20/7) sont, chacune à leur manière, les figures d’un jazz en renouvellement, de son temps, de fortes personnalités qui préfigurent une soirée de contrastes.
Autres temps fort de cette édition : le pianiste Brad Mehldau et le saxophoniste Branford Marsalis (15/7) se produisent à la tête de deux des plus belles formations du jazz contemporain.
Enfin, Jazz à Juan invite le trublion et multi instrumentiste Jacob Collier (12/7), prompt à faire chavirer le public dans une communion joyeuse, quand la légende Nile Rodgers (18/7), auteur de tant de hits pour son groupe Chic, comme pour Bowie, Madonna, les Sister Sledge, est l’un des grands maitres d’un funk irrésistiblement tourné vers la danse.
JAZZ A JUAN
10 JUILLET : SAMARA JOY, DEE DEE BRIDGEWATER & THE AMAZING KEYSTONE BIG BAND
11 JUILLET : HUGH COLTMAN, JOE BONAMASSA
12 JUILLET : DELUXE, JACO COLLIER
13 JUILLET : LIZZ WRIGHT, LUDOVICO EINAUDI
14 JUILLET : GUY MINTUS, SOPHIE ALOUR
15 JUILLET : BRAD MEHLDAU TRIO, BRANFORD MARSALIS QUARTET
16 JUILLET : SIXUN, ROCKY GRESSET FEAT. THOMAS BRAMERIE
18 JUILLET : CORY WRONG, NILE RODGERS & CHIC
19 JUILLET : IMANY, ANGELIQUE KIDJO, FATOUMATA DIAWARA
20 JUILLET : YOUN SUN NAH, MELODY GARDOT
21 JUILLET : AMERICAN GOSPEL JR.