L’un des plus grands de tous les temps, la classe, une immense classe », Nile Rodgers. Disparu ce vendredi 3 avril 2020, à l’âge de 81 ans, le chanteur laisse une marque immense dans l’histoire de la musique avec des chansons intemporelles, universelles, touchantes.
Guitare acoustique et voix – une rareté dans la soul de son époque -, c’est ainsi que le chanteur-auteur-compositeur se présentait au public des clubs après son travail de jour dans les usines aéronautiques de la Weber Aircraft, à Burbank, en Californie (la photo de la couverture de son futur premier album), à la fin des années soixante.
Repéré par Clarence Avant, du label Sussex, son premier album est produit par Booker T. « Je l’ai écouté lors de notre première rencontre, et je me suis dit qu’il n’y avait rien à ajouter. Son art était tellement dense, abouti, il n’y avait rien à toucher », nous déclarait il y a quelques années l’organiste de Stax. Le bien nommé Just As I Am parait en 1971, l’accueil du public et de la critique est unanime. « Ain’t No Sunshine » et Grandma’s Hands » deviennent des standards de la musique populaire, au-delà de la soul. Dans cette époque post sixties, cette simplicité que l’on trouve aussi chez Richie Heaven et des artistes pop, une écriture incarnée, honnête, touche un large auditoire. Le succès arrivé sur le tard – il a passé la trentaine -, presque par hasard, est immédiat, couronné d’un Grammy dès 1972.
Les albums Still Bill (1972), ‘Justments (1972) et Live At Carnegie Hall (1974) et les nouveaux hits « Lean On Me » et « Use Me » confirment son talent de songwriter et de performer.
Peu enclin à se plier aux pressions du business, il signe plusieurs disques pour Columbia, Making Music (1975), Naked And Warm(1976) et Menagerie(1977), avec le hit « Lovely Day », et ‘Bout Love (1979), avant de prendre du recul, mais de signer plusieurs apparitions notables auprès de Grover Washington Jr. (« Just The Two Of Us », en 1980, et un nouveau Grammy), « Soul Shadows » avec les Crusaders, et, on le sait moins, de participer à l’enregistrement de Michel Berger Dreams In Stone en 1982…
Watching You Watching Me en 1985 marque un tournant : le chanteur ne supporte plus les « blaxperts » de Columbia, comme il les nomme, qui veulent lui dicter leurs choix artistiques.
Mille fois sollicités pour un come-back, en studio comme sur scène, il reste inflexible, intransigeant, intègre, malgré les hommages de la nouvelle vague soul (Anthony Hamilton, Aloe Blacc…) et les appels du pied des labels. R.G.
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Bill Withers – Live
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•10 oct. 2013
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